Se taire et baisser les bras n'est pas une option pour les Vulgaires machins. Quinze ans après ses débuts, ce groupe vétéran du punk-rock québécois continue de rugir dans le but avoué de bousculer notre petit confort et, surtout, notre indifférence.

Il s'est écoulé 15 années depuis que Marie-Ève Roy et Guillaume Beauregard ont fondé Vulgaires machins. Une telle longévité, ce n'est rien de moins qu'un exploit. Ici, au Québec, la plupart des groupes peinent à passer le stade du troisième album et se sabordent avant d'avoir traversé une décennie.

«Ce qui nous tient ensemble, c'est qu'on a vraiment du plaisir sur une scène et à composer des chansons, affirme la guitariste et chanteuse Marie-Ève Roy. C'est ça l'essentiel et il faut toujours y revenir, parce que les événements de la vie font que tu bifurques.»

Marie-Ève a fondé les Vulgaires machins avec Guillaume Beauregard au milieu des années 90. Pour la petite histoire, rappelons que tous deux venaient de se faire virer d'un autre groupe au sein duquel ils jouaient de la guitare. «Je jouais de la guitare sèche depuis le début de l'adolescence, mais c'est dans mon premier band avec Guillaume que j'ai appris à jouer de la guitare électrique», raconte-t-elle.

On ne sait pas si les anciens complices de Guillaume et Marie-Ève se sont mordu les doigts de les avoir exclus. Indica Records a eu plus de flair. Vulgaires machins - complété par Maxime Beauregard et Patrick Landry - a été le premier groupe à lancer un album sur cette étiquette de disques fondée par les membres du groupe GrimSkunk. Un imprimatur dont la boîte n'a jamais eu à rougir.

Taper sur le même clou

Vulgaires machins n'a en effet jamais trahi ses idéaux ni fait de concession majeure au plan artistique. Avec Requiem pour les sourds, sorti l'hiver dernier, le groupe continue d'ailleurs de critiquer notre apathie devant le pitoyable spectacle de la politique et notre indifférence confortable devant la détresse humaine. Vulgaires machins enfonce le clou.

«L'envie est toujours là. Alors, oui, dans un certain sens, quand on enregistre un nouveau disque, on se retrousse les manches et on continue à parler de ça, parce que ça fait partie de notre quotidien, de nos préoccupations et de nos questionnements.»

Le plus difficile, selon Marie-Ève, c'est d'arriver à trouver de ne pas se répéter en dépeignant et en dénonçant des réalités qui, elles, ne semblent pas vouloir changer.

L'une des pistes que Guillaume a trouvées pour éviter le piège de la répétition, c'est d'écrire des textes plus personnels, où il explore les doutes et les interrogations qui l'habitent.

Vulgaires machins multiplie les coups de gueule et formule parfois des jugements à l'emporte-pièce. Mais on ne peut pas leur reprocher de jouer les purs et de ne pas se mouiller. Dans une chanson comme Parasites, qui parle des artistes comme de simples vecteurs de publicité, ils ne pointent pas les autres du doigt, mais usent d'un «nous» inclusif.

«Dans nos vies, on se remet en question. On doute de nos choix, de notre implication. On a l'impression de ne jamais en faire assez, avoue Marie-Ève. La musique, c'est notre soupape pour faire sortir le méchant pour se sentir mieux.»

Et ça demeure leur outil pour combattre un mal qui ronge notre époque: le cynisme. «On sait que les gens sont conscients et qu'il n'y a rien qui se fait, reconnaît la guitariste. Je ne sais pas si un jour on va se tanner et changer de tactique, mais pour le moment, c'est ce qu'on a envie de faire: continuer à crier haut et fort ce qui nous rend cyniques.»

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Vulgaires machins, ce soir, 21 h, au Métropolis, avec The Sainte Catherines.