Cali est un artiste chouchou des FrancoFolies de Montréal. Il en est cette année à sa quatrième participation, mais ce soir, ce sera la première fois qu'il ne se produit pas en salle, mais en tête d'affiche du grand spectacle extérieur gratuit, à la place des Festivals.

«Je suis ravi. J'ai joué devant des gens qui me connaissaient. Dehors, je vais jouer devant seulement 3% de gens qui connaissent Cali.»

Le chanteur français aime profondément Montréal. «La toute première fois que je suis venu, j'avais l'impression de quitter l'espace-temps réel. Je me suis dit: tu vas aimer cette ville-là toute ta vie, raconte-t-il. Je suis allé me recueillir devant la maison de Leonard Cohen.»

Le tromboniste de Cali, Blaise Margail, est le conjoint de Doriane Fabreg de DobaCaracol, souligne Cali, qui adore «aller bruncher au Café Cherrier». Lundi dernier, le chanteur est allé se balader sur l'avenue du Mont-Royal. «J'ai trouvé un bouquiniste qui avait plein de livres non réédités. J'ai acheté une copie du Cabaret de la dernière chance de Jack London.»

Cet hiver, Cali n'a pas hésité à faire un aller-retour de la France pour participer à l'émission Belle et Bum. Cali n'aurait jamais prêté sa chanson 1000 coeurs debout pour le thème de la production française de Star Académie, mais il a dit oui aux gens des Productions J qui lui en ont fait la demande après un spectacle donné au Club Soda, en 2008.

Truite arc-en-ciel?

Ce soir, Cali interprétera des chansons de ses quatre albums. «Quand je vais voir des groupes qui me plaisent, j'aime entendre les chansons qui me plaisent.»

Quoi qu'il en soit, «ce sera rock», annonce-t-il. «On est en pleine tournée en Europe et c'est bouillant.»

Sur scène, Cali sera accompagné du guitariste Geoffrey Burton, avec qui il a coréalisé son dernier album, La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur. Cali est très attaché à celui qui a travaillé avec Iggy Pop et Bashung et qu'il a connu grâce à Arno. «Quand nous sommes sur le même vol, je me dis: si l'avion s'écrase, on va mourir ensemble, dit Cali. Sur scène, c'est comme si j'avais un amant à qui je faisais des clins d'oeil toute la soirée. C'est très puissant comme relation.»

En studio, Cali et Burton se sont inspirés de cette phrase de Brian Eno: «Tu honoreras ton erreur comme une intention cachée.» «C'était le dogme de l'album», explique Cali, qui a pris un virage plus rock et plus sale par rapport à ses albums précédents.»On a pigé dans tous les disques qui forment ma discothèque, explique-t-il. J'ai voulu me prendre pour mes héros qui sont les Joe Strummer, Bruce Springsteen, Joy Division, Arcade Fire, Leo Ferré...»

L'album s'est fait dans des conditions moins «chirurgicales» que les précédents. Au lieu d'enregistrer chaque instrument en passant de l'un à l'autre jusqu'à ce que tout soit parfait, c'était une affaire de groupe. «Geoffrey n'est pas un réalisateur de métier, donc il n'applique pas de recette. C'était ludique et organique.»

Quand Cali a dit à sa maison de disques que son quatrième album allait avoir comme titre La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur, on lui a conseillé de prendre des vacances. «C'est un ami pêcheur qui m'a envoyé un texto: Je suis heureux, la vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur.»

Pour Cali, qui était en plein enregistrement de son nouveau matériel, cette phrase a été une révélation. «C'est comme trouver le prénom de son enfant.»

Cali chante toujours sur toutes les couleurs de l'arc-en-ciel de l'amour, que ce soit le désir, la peine, la passion, la nostalgie ou le bonheur.

Même en entrevue, les métaphores qu'il utilise sont toutes liées au sentiment amoureux. Que voulez-vous, Cali ne fait pas dans la demi-mesure: il nage en pleine démesure.

Ce soir, 21h, scène Ford.