Dans le cadre de son 10e spectacle intitulé Torture, qu'il présente du 6 au 13 juillet au Festival Juste pour rire, Jean-Marc Parent a accordé une entrevue à La Presse à Saint-Jean-sur-Richelieu, où il a passé sa jeunesse et connu ses premières joies et ses premières angoisses...

La torture interroge et la douleur répond, avait écrit le dramaturge François Raynouard. Une citation qui va bien à Jean-Marc Parent, l'examinateur de nos tourments qui aime répliquer à sa propre anxiété par le rire et par l'amour qu'il porte au public.

JMP a reçu La Presse récemment pour faire un petit tour de sa vie. La rencontre ne s'est pas faite dans un bar. Jean-Marc Parent ne boit pas. Ni vin ni bière ni café ni thé. Et il ne fume pas.

L'entrevue s'est faite en face de la maison où il a grandi avec ses soeurs Céline et Denise, rue Latour, à Saint-Jean-sur-Richelieu, dans le parc où il «tirait des flèches» avec ses amis.

«On passait en vélo sur cette track, dit-il, adossé à un banc. Ces arbres étaient nos buts de soccer. Les filles du vétérinaire se promenaient à cheval dans le parc. Là habitait Patricia, morte il y a quatre ans. Là, c'est Jacques. Il a acheté la maison de ses parents. Et là, c'est la maison des Croteau, des magasins Croteau.

«J'aimais tellement le parc que je mangeais mon pâté chinois dans les marches, pressé d'aller faire des cabanes dans les arbres.»

Une partie de JMP est imprégnée dans ce parc. Il est ému aux larmes quand il parle de la mort de sa maman. Cancer du sein à 48 ans. Il avait 6 ans. Son père est mort huit ans plus tard.

Se souvenir, honorer les siens et évoquer les douleurs, ça peut se faire en riant, dit Jean-Marc Parent. Exorciste des malheurs, JMP a une grande force pour déjouer ses peines en les mettant en scène. Pour en rire et changer les idées de ceux qui ont vécu les mêmes drames.

«Je veux pouvoir parler de ce qui est triste, mais je ne veux jamais oublier que les gens viennent me voir principalement pour rire.»

C'est ce qu'il a fait avec L'handicapé, son premier numéro de 1988 qui avait choqué des gens, mais pas les handicapés, honorés qu'on parle enfin d'eux sans pitié.

«Des gens ont voulu les défendre pour bien paraître, mais c'était de l'hypocrisie, dit JMP. Ce qui compte dans la vie, malheureusement, c'est ce dont tu as l'air, pas ce que tu es...»

Jean-Marc Parent n'est pas zen. Plutôt le genre angoissé. Il en parle dans Torture. À 49 ans, il a peur de la maladie, peur de finir comme son père, terrassé par un infarctus à 54 ans. Du coup, il fait attention à ce qu'il mange et pédale, l'été sur la Route verte, et l'hiver en Floride.

Dans Torture, il évoque aussi le fait qu'il n'a pas d'enfant. «Ça m'aurait tenté, mais pas à ma copine, dit-il. Chacun doit trouver son propre équilibre.»

Parler psychologie, Jean-Marc Parent aime ça. «Je l'ai étudiée au cégep. J'ai toujours aimé parler avec les gens. Ça m'a mené à ce que je fais maintenant.» Ses premiers pas en humour, il les a faits à 19-20 ans avec son ami d'enfance, Widemir Normil, quand il animait ses défilés de mode.

«J'ai constaté que j'avais la parole facile pour faire rire et interagir. Du coup, avec Widemir, on a créé le duo Noir et Blanc. On est passés à l'émission Casse-tête avec Michel Barrette et Daniel Lemire. Louise Richer nous a vus et nous a trouvés drôles.»

Star de l'humour

Il a alors été admis à l'École nationale de l'humour, a remporté les Auditions Juste pour rire avec L'handicapé, ex aequo avec Stéphane Rousseau, devenu très proche de lui, puis a présenté son premier spectacle, Ouvrir par le haut.

En 1991, il s'est associé à Michel Barrette, puis a poursuivi sa route en solo. Ses événements marathons sont devenus sa signature. Après un creux en 1992, il a rebondi grâce à Gilbert Rozon, qui lui a permis de monter un spectacle pour Juste pour rire. Ce fut le début de son ascension. Il a rempli le Théâtre Saint-Denis six fois, le Forum 13 fois. Se sont ensuivies ses grandes soirées du Jour de l'An et son émission L'heure JMP à TQS qui en ont fait une star de l'humour au Québec.

«Avec L'heure JMP, j'ai recréé l'énergie de mes spectacles», indique-t-il. L'humoriste se remémore ses coups d'éclat, comme d'avoir demandé aux téléspectateurs de faire clignoter les lumières de leur maison et d'avoir ensuite pris un Boeing 747 pour voir l'effet de ses folies...

Grâce à Dominique Michel, il a ensuite joué une petite scène dans Les invasions barbares de Denys Arcand. Un bonheur pour ce mordu de cinéma et de téléromans québécois.

Même s'il a eu du succès en France, il n'a pas voulu y percer. «À l'âge que j'avais, ça ne me tentait pas. Je vais en parler dans L'événement JMP, le 24 juillet. Je ne voulais pas mettre ma vie entre parenthèses.»

Aujourd'hui, JMP n'a pas d'ambition particulière. Il veut faire rire et réfléchir avec le même plaisir, ce qu'il fera de la mi-août à la fin décembre avec sa tournée de 200 spectacles, dont un grand nombre sont déjà à guichets fermés.

«Mon rêve professionnel serait que mes salles soient pleines pour les 15 prochaines années, dit-il. Je ne rêve pas à 1000 affaires. Je ne veux pas être partout. Mon talent est limité. Je ne suis pas un homme-orchestre. Et plus je vieillis, plus je veux du temps pour moi.»