La Presse a assisté en exclusivité au montage des nouveaux décors de Juste pour rire dans la salle Wilfrid-Pelletier. Les galas qui y seront présentés auront des allures de shows américains du style Emmy Awards...

Le déménagement des galas Juste pour rire du Théâtre St-Denis à la Place des Arts n'est pas qu'un changement de lieu. Juste pour rire en profite pour moderniser le design de ses spectacles, en leur donnant une touche américaine grâce à la venue du designer Bruce Ryan.

«C'est le plus grand décor qu'on ait jamais fait», explique Andy Nulman, président des festivals, de la télévision et du marketing à Juste pour rire, en accueillant La Presse sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier.

Pour faire de cette scène un espace hollywoodien à un coût raisonnable, Gilbert Rozon a fait appel à Bruce Ryan, qu'il a rencontré l'an dernier lorsque le designer préparait la production Cedric The Entertainer, dans le cadre de Just for Laughs Chicago.

Bruce Ryan est connu aux États-Unis pour ses scénographies spectaculaires. On lui doit le design scénique de nombreux sitcoms, des Emmy Awards, de shows de Céline Dion, Cher ou Whitney Houston et de galas d'humour à Las Vegas, Aspen ou Chicago.

«J'ai aussi fait le design des productions de George Carlin à HBO pendant des années», ajoute Bruce Ryan.

Samedi, des techniciens s'affairaient à mettre en place d'énormes blocs de 5m sur 4m. Ce sont des écrans LED, d'immenses panneaux qui permettront de retransmettre de la vidéo et des images en 3D.

«Ces écrans lumineux peuvent bouger, descendre, monter, entrer sur scène à partir des côtés, demeurer en place, sur le sol, tout est possible, dit Andy Nulman. On a pu en voir lors du show Les confessions de Rousseau, mais là, c'est 15 fois la grandeur!»

Quatorze écrans LED seront à la disposition des metteurs en scène de chaque gala. La structure est modulable rapidement selon les besoins de la scénographie. Chaque gala aura son cachet bien à lui.

«Les écrans LED sont fabriqués par plusieurs sociétés avec des contenus différents, ce qui permet de changer le look d'un show à l'autre», dit Bruce Ryan.

Un des écrans au sol pourra par exemple retransmettre l'image de Victor, la mascotte de Juste pour rire, pour le gala d'Éric Salvail, ou la bannière étoilée des États-Unis pour le show d'un humoriste américain.

Cette révolution de la présentation est essentielle afin de vendre les shows à des télés françaises, américaines ou du Canada anglais.

«C'est une nouvelle ère, dit Andy Nulman. Il fallait changer la façon de présenter l'humour. Aujourd'hui, on ne peut plus présenter un humoriste tout seul sur scène, sans décor. On veut que les jeunes viennent voir nos spectacles, donc on doit s'adapter au fait qu'ils sont bombardés d'images et qu'ils ne jurent que par l'interactivité. Un jour, les humoristes écriront leurs numéros spécifiquement pour le visuel, la vidéo et le décor qui les accompagnera.»

Pour tenir compte de la grandeur de la salle, on a enlevé les sièges des rangées AA, BB et CC. Les artistes seront plus près du public. Il y aura aussi 50% d'éclairage supplémentaire dans la salle.

«Pour la lumière, on doit tenir compte de la configuration des écrans, dit Gatien Ouellet, responsable de l'éclairage. Il y a beaucoup d'angles à calculer compte tenu des écrans et de l'envergure de la salle.»

Pour la première fois, des projecteurs additionnels seront accrochés au plafond de Wilfrid-Pelletier. Au total, il y en aura plus de 300 dans la salle.

Pour réduire l'effet de grandeur de la scène, le décor fera en sorte de circonscrire le regard.

«L'accent doit être mis sur l'artiste pour qu'il n'ait pas l'air perdu dans ce grand espace, dit Andy Nulman. Bruce a appliqué à Montréal ce qu'il a fait avec l'immense scène du Chicago Wrigley Field, qu'il a rendue intime. C'est très fort. Comme une illusion d'optique.»

Les galas auront donc une couleur toute spéciale, et ce, grâce à un Californien qui adore Montréal.

«Je me sens très flatté d'avoir été choisi pour travailler ici comme designer de production, alors que je ne parle pas français, que je suis américain, et qu'il y a toute cette créativité dans votre ville, dit Bruce Ryan. Cette ville est fantastique. On y mange bien, on s'habille comme si c'était le dernier jour de sa vie, spécialement quand le soleil est au rendez-vous, et les gens sont très sympathiques. Et, en plus, j'ai pu voir U2 avec la plus belle foule du monde!»