On va le voir dans le gala Party à Mercier, dans un spectacle de Zoofest et sur une scène extérieure avec Dominic & Martin. Découverte de l'année aux Olivier, Guillaume Wagner et sa face de pas fin s'imposent dans le monde fleurdelisé de l'humour. La Presse l'a rencontré.

Les téléspectateurs qui suivent Un gars, le soir, sur V avec Jean-François Mercier, le connaissent bien. Il est un des Nobody du Gros cave, celui qui a vendu la moto de Mercier et a eu une pitoune en bonus !

On l'a vu dans la série Les 5 prochains, sur ARTV.  C'est lui qui a imaginé cette tournée de cinq humoristes de la relève, sujet d'un documentaire sur les aléas de la carrière d'un jeune humoriste.

Mais Guillaume Wagner s'est surtout fait un nom le 15 mai en remportant la statuette de la Découverte de l'année aux Olivier. Une reconnaissance qui l'a ému. « J'ai ressenti une émotion, car j'avais travaillé fort et l'industrie me disait qu'on m'avait remarqué. J'étais étonné d'être content! »

Guillaume Wagner n'est pas du style boute-en-train. Ce n'est pas lui qui « start le party ». « C'est plus moi dans le coin avec une bière et qui checke le monde! » Écrivain de l'humour, il veut dire ce qu'il pense.

« Quand j'ai découvert la scène, je me suis rendu compte que les gens m'écoutaient et payaient pour m'entendre! Je capotais! Je pouvais dire une idée et personne ne pouvait réagir ! »

Observateur, il a beaucoup appris par lui-même. Pas d'université. Des cours au cégep dont il a peu de souvenirs. Il s'est fait sa propre culture générale. Refusé en graphisme, il est entré à l'École nationale de l'humour. Originaire de Lac-Beauport et âgé de 27 ans, il écoute de l'humour depuis l'âge de 15 ans.

« Je dois avoir 400 DVD d'humour, français, américains, canadiens, britanniques, québécois ou australiens », dit-il.

Il a une attirance pour le stand-up américain, Bill Hicks, mort en 1994, et George Carlin, décédé il y a trois ans. « C'étaient des géants capables de passer un point de vue clair. Souvent, y'a même pas de gag, mais le monde rit. C'est comme rassembler les gens avec une idée », croit-il.

Guillaume Wagner ne ressemble à aucun humoriste québécois. Au premier abord, il donne l'impression d'un gars hautain.

« Récemment, je me suis regardé sur scène. Mon Dieu que chu pas sympathique! Baveux, arrogant, désagréable, prétentieux parfois. Et j'adore ça ! Au Québec, si on veut qu'on accepte tes idées, faut que tu montres que t'es fin, que t'es humain. Moi, je n'ai pas ce réflexe-là », avoue-t-il.

Et pourtant ça plaît, ajoute-t-il : « Quand les gens aiment ça, ils aiment, mais quand ils n'aiment pas, ils m'écrivent des affaires. Waouh! J'ais-tu tué ton chien ? »

Pourtant, il n'a pas toujours été ce personnage intello sur scène. Il a commencé par imiter Michael Jackson allant aux toilettes ! En 2007, au Grand rire de Québec, il faisait de l'humour d'observation.

« J'aimais ça, c'était facile, le consensus tout le temps. 'Avez-vous vu ça ? C'est incroyable, non ?' Jusqu'à ce que je décide de faire autre chose. Au début, tu ne veux pas te mettre le monde à dos. Tu dois faire rire. À la fin, je n'étais plus capable d'être clean ! »

Aujourd'hui, il se sent proche d'un Ward ou d'un Mercier. « Si tu vois juste de la vulgarité dans JF ou Mike, tu es encore plus pauvre intellectuellement qu'un gars ordinaire qui ne voit pas le second degré, dit-il. Car tu décides carrément de te mettre à l'écart. Les Denis Drolet, ça a souvent l'air de n'importe quoi et pourtant, ce n'est pas n'importe quoi. »

Il prépare son premier one man show. La première aura lieu le 17 octobre 2012 au Théâtre Saint-Denis. Un spectacle qui portera sur l'image qu'on projette, l'individualisme et la perception des Québécois.

« Tout le monde est rendu des publicités vivantes. On n'est pourtant pas tous dans des boîtes. C'est complexe comme sujet, mais ça devrait être drôle. Je ferai un petit clin d'oeil sur la souveraineté, car c'est le dernier projet de société qu'on ait eu au Québec. »

Il participe avec sept jeunes humoristes au Spectacle des Nobody, les 18 et 19 juillet, au Monument-National. « Les Nobody sont des humoristes qui passaient à Un gars, le soir. Pas de mise en scène, pas d'animateur. On enchaîne avec l'humoriste suivant en l'insultant...dans la bonne humeur ! »

Il fera partie aussi du Party à Mercier, les 18 et 19 juillet. Et les 23 et 24 juillet, il sera sur une scène extérieure avec Dominic & Martin, Billy Tellier et Stéphane Poirier. « Pour roder des trucs ». Et rallier un public autour de ses idées.

Pour informations : hahaha.com et zoofest.com