La Presse participera samedi au Pinkarnaval, défilé qui rendra hommage au couturier français Jean Paul Gaultier dans le centre-ville de Montréal. Notre journaliste Éric Clément dansera au sein d'une troupe de Lyonnais... et vous invite à rejoindre ce défilé festif de 1600 personnes.

Cet été, Montréal célèbre en grand Jean Paul Gaultier. Le Musée des beaux-arts présente l'exposition La planète mode de Jean Paul Gaultier jusqu'au 2 octobre. Et le Festival Juste pour rire a créé un défilé, Pinkarnaval, afin d'honorer son génie par une danse costumée dans la rue puisque c'est là qu'il puise son inspiration. Pinkarnaval: du prêt-à-porter au prêt à danser.

Magicienne des spectacles de rue contemporains, la responsable des défilés Juste pour rire, Danielle Roy, voyage pour s'inspirer et réaliser des spectacles urbains. Au cours d'un séjour à Lyon (ville jumelée à Montréal), elle a découvert le flamboyant défilé de la danse organisé lors des Biennales de la danse.

Elle a invité les créateurs lyonnais de ce défilé à se joindre à Pinkarnaval, qui comprendra, samedi prochain, huit groupes de danseurs costumés: 1000 danseurs et 600 figurants. Danielle Roy a dessiné les huit tableaux du défilé qui illustrent les thèmes sociaux abordés par le couturier dans ses créations. Chaque tableau a sa musique, qui va du tango au hip-hop en passant par le madison, la valse, la musette et la gigue.

La Presse participe au tableau des Lyonnais, qui ouvrira le cortège en compagnie des échassières de La belle Zanka de Lyon. Le tableau s'appelle Le grand ballet des soyeux, en référence aux fabricants de la soie, tissu qui a fait la réputation de Lyon. La ville a d'ailleurs donné 60 mètres de soie pour confectionner nos costumes.

L'équipe de Danielle Roy a collaboré avec Frédéric Bove, de l'organisme promotionnel ONLYLYON, afin de recruter des Lyonnais montréalais pour ce tableau. «Environ la moitié des 123 personnes du tableau sont des Lyonnais et l'autre moitié, des Français et quelques Québécois», dit Barbara Tota, Lyonnaise qui coordonne l'activité.

Le groupe des Lyonnais se réunit depuis un mois dans un gymnase d'Outremont pour s'entraîner avec le chorégraphe lyonnais Jean-Philippe Giraud et les répétitrices Maryse Carrier et Daphnée Laurendeau. Ce soir a lieu le dernier entraînement avant la répétition générale demain et le défilé samedi.

Le thème de la musique de notre tableau est La vie en rose d'Édith Piaf, interprété par Michelle Sweeney et remixé par Roberto Sam Screnci. Apprendre les pas et les mouvements puis danser ensemble sur quatre lignes d'une trentaine de personnes qui se croisent à plusieurs reprises n'est pas une mince affaire. Mais Jean-Philippe Giraud a trouvé que notre groupe était doué! On verra samedi...

Les costumes des Lyonnais ont été confectionnés par la dizaine de couturières de Daniel Fortin, chef d'atelier. Il en a créé un millier en s'inspirant du «vocabulaire Gaultier», soit de la dentelle, la Madone, les rayures marines, les couleurs chair, etc.

«J'ai de l'expérience pour créer des costumes au théâtre, mais là, c'est du travail de manufacture! Je ne referai plus jamais ça!», dit Daniel Fortin. «C'est de l'ampleur du Cirque du Soleil, sans leurs ressources», ajoute Hélène Blackburn, directrice de création de Pinkarnaval.

Même si la pression est grande (Jean Paul Gaultier va assister au défilé), Daniel Fortin peut être fier de lui. Sans grands moyens financiers, il a réussi à faire du beau boulot. Les costumes des huit tableaux sont somptueux. «Je ne sais pas comment Jean Paul Gaultier va réagir, dit-il. Se rendra-t-il compte du peu de temps qu'on aura eu pour créer tout ça?»

Les tableaux

Après les Lyonnais, des enfants de Vaudreuil-Dorion défileront vêtus de la célèbre marinière à rayures bleues et blanches de Gaultier, et sous la musique d'Another Brick in the Wall (Pink Floyd) et de Guillaume Tell (Rossini). Un tableau qui promet d'être touchant.

Celui d'Outremont, Rave Paris de Jean Paul Gaultier, avec ses lampions et sa tour Eiffel géante, devrait impressionner, tout comme les deux danseurs géants de celui de Ville-Marie, Le tango de la différence.

Les cultures dansent en ligne, de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, avec ses costumes africains ou de geisha japonaise, sera très multiethnique, comme La gigue urbaine de Montréal-Nord.

Après la danse contemporaine d'Ahuntsic-Cartierville, La danse du désir de Jean Paul Gaultier, chorégraphiée par Dominique Porte, La valse des icônes de Rosemont-La Petite-Patrie fermera le défilé avec des ensembles blancs alliant mode du Moyen Âge et de la Renaissance. «C'est l'idée du mariage en blanc, les mariées clôturant toujours les défilés de mode», dit Danielle Roy.

Suivra le public, que les organisateurs veulent voir tout de rayures vêtu, dansant au rythme de la musique de l'ex-mannequin Ève Salvail devenue DJ.

Le lendemain, 17 juillet, Danielle Roy et Luc Petit (qui conçoit des spectacles pour Franco Dragone) mettront en scène un spectacle avec les danseurs du défilé sur la place des Festivals. Le spectacle se poursuivra avec la musique d'Ève Salvail et son grand bal rayé.

Préparez vos marinières et vos gaminets à rayures!

Samedi, de 19h30 à 20h45: défilé allant du MBAM jusqu'à la place des Festivals, en passant par les rues Bishop et Sainte-Catherine Ouest. Dimanche, de 21h à 23h: spectacle urbain sur la place des Festivals.