Avec Bigard remet le paquet, l'humoriste français Jean-Marie Bigard a choisi de faire la première à Montréal d'un spectacle qu'il présentera à Paris dans quelques mois, un spectacle qui parle du temps de façon très gauloise...

Baveux, Jean-François Mercier a dit à La Presse cette semaine qu'il a pris Jean-Marie Bigard dans son gala Party à Mercier parce qu'il n'avait pas le choix de prendre un Français dans son spectacle! En entrevue avec La Presse, mardi, Jean-Marie Bigard a pris un malin plaisir à lui répliquer:

«Je sais comment on considère les Français ici. On dit qu'on est hautains, des messieurs je-sais-tout, qu'on souffre d'un grave sentiment de supériorité et qu'on se sent beaucoup plus intelligents que les autres. Le problème, c'est que c'est vrai!»

De retour à Montréal

Jean-Marie Bigard est venu il y a quelques années à Montréal présenter un numéro lors d'un gala Juste pour rire. Ça avait marché couci-couça. Trop court pour pouvoir découvrir tout l'univers de l'humoriste qui a la langue ailleurs que dans sa poche. Et un Bigard à froid... C'est comme la tarte aux pommes, ça se sert chaud.

Gilbert Rozon lui serinait chaque année de venir présenter un vrai spectacle. Bigard a fini par aligner les astres de ses activités et a dit oui.

Il a dit oui aussi en mai dernier en se mariant avec la comédienne Lola Marois. Il aimerait bien vivre une autre histoire d'amour avec le public montréalais. Tout un défi pour le sympathique franchouillard, un peu âpre au premier abord, mais réservé à ceux qui acceptent qu'on puisse rire de tout avec des mots gros comme des pastèques.

Cela lui ferait du bien, à Bigard, un succès au Québec parce qu'en France, on a tendance à le délaisser depuis quelque temps, à la suite de ses déclarations sur des sujets controversés. C'est le destin des bouffons. Les indulgences ne sont pas pour ceux qui n'en ont cure.

Et puis, après 25 ans de carrière d'humoriste, il se consacre aussi au théâtre et au cinéma, où l'on peut brider cette bête de somme au parler mal équarri.

Bientôt sur nos écrans

On le verra d'ailleurs, au début du mois d'août, sur nos écrans comme tête d'affiche du film Le missionnaire, dans lequel il incarne un ex-malfrat devenu un curé faisant la promotion de l'amour et de la paix.

Car pour Bigard, comme pour Jean-François Mercier ou Mike Ward, derrière le vernis des grossièretés et des provocations se cachent une bonhomie et une fragilité.

On s'en rend compte en partageant avec lui un repas chez Schwartz's, boulevard Saint-Laurent, où il a découvert (avec plaisir, mais «malheureusement sans vin») combien le sandwich smoked meat de la charcuterie hébraïque est juteux et savoureux. Deux qualificatifs qui devraient coller à son spectacle Bigard remet le paquet, à l'affiche au Théâtre Jean-Duceppe.

Spectacle sur le temps

En fait, il devait présenter Bigard remet le paquet, joué en France depuis 2009, mais il rodera plutôt son futur spectacle, No 9 de Bigard, un spectacle sur le temps. Il sera seul sur scène. Comme toujours. Sans décor, sans vidéo, sans invités. Juste lui et ses calembours épicés.

Son spectacle est inspiré d'un astrophysicien français, Jean-Pierre Garnier Malet, qui étudie les cycles du temps. «Il estime que ce qu'on appelle «le printemps arabe» [les soulèvements populaires en Tunisie, en Égypte, etc.] se produit parce qu'on se trouve dans un cycle du temps favorable. Il a prévu les cyclones, les tsunamis et aussi l'arrivée de planétoïdes dans notre système solaire.»

Bigard part de ces prévisions lugubres pour parler de divers sujets de la vie, des thèmes qu'il ponctue en dansant. «J'ai un menuet, un boogie, un tango, un pasodoble, la vie parisienne, des musiques qui n'ont pas d'âge et me permettent de voyager dans le temps.»

Il parlera de son diabète, du sommeil et de la mémoire, notamment celle qui se forme dès notre présence «dans les couilles» de papa. Suivra une aventure microscopique, biologique et épique à la manière de Woody Allen.

L'humoriste au franc-parler veut faire réfléchir et veut faire rire avec des grivoiseries qu'il ne faut pas prendre au premier degré. «Je vais aussi pester contre tous les petits moments de bonheur qu'on nous réduit en peau de chagrin tous les jours, dit-il. Avant, dans un même lieu, on pouvait rire, boire et fumer. Maintenant, c'est terminé. Et ainsi de suite se resserre l'étau...»

Bigard remet le paquet, au Théâtre Jean-Duceppe jusqu'au 23 juillet.