Un opéra-rock sur Clotaire Rapaille? C'est une blague ou quoi?

En partie. Le travail qui a mené à cet opéra-rock surréaliste, présenté pour la première fois au dernier Festival du jamais lu, est très sérieux.

Guillaume Tremblay et Olivier Morin ont écrit les textes poétiques de cette pièce qui se déroule au Québec en 2045, dans laquelle on compte un tas de personnages joués par une dizaine de comédiens, le tout magnifié par la musique de Navet Confit. Un récit épique, des choeurs de paysans, un «white Gold Rush» vers les crottes de fromage, la radio-poubelle rebaptisée Radio-Q, des voitures volantes, un Clotaire Rapaille qui descend aux enfers avant de parvenir à la rédemption et la réconciliation avec la ville de Québec, ainsi que son maire Régis Labeaume... Il y a beaucoup trop de «stock» dans ce projet pour qu'il ne soit qu'une blague. L'idée, au fond, était de concilier le théâtre indépendant et la musique indépendante dans le seul but de se faire plaisir.

«En fait, tout est évoqué, explique Olivier Morin. De cette façon-là, on peut tout se permettre. C'est comme si on avait un budget de 22 millions de dollars!»

Clotaire Rapaille est une véritable passion pour les créateurs Guillaume Tremblay et Olivier Morin. Ils l'aiment comme ils aimeraient un grand personnage de théâtre. «C'est vraiment une rock star, insiste Guillaume Tremblay. Son trench-coat, ses lunettes, son look, c'est vraiment «too much». Cette image fonctionnait dans le privé, mais, quand il est arrivé dans le public, cela a surpris tout le monde.»

Sur scène, Guillaume Tremblay incarne le sulfureux personnage, à qui l'on a donné des airs de Serge Gainsbourg. «Je suis sorti de ma zone de confort, note Navet Confit. Ce n'est pas un prérequis de connaître ma musique pour voir le spectacle.»

Vive la ville de Québec!

Loin d'eux l'intention de rire de la ville de Québec. «À Québec, le passage de Clotaire Rapaille est considéré comme un épisode sombre de la ville, dit Guillaume Tremblay. Mais pourquoi ne pas rire de ça et apprendre de ses erreurs? Au fond, la ville de Québec a eu l'humilité de se questionner sur son identité, je trouve ça extraordinaire. Mais on n'était pas obligé de payer un gars 300 000$ pour ça...»

«C'est très mordant et méchant par moments, mais ce n'est jamais enragé, explique Olivier Morin. C'est une façon, justement, de se poser plein de questions sur le Québec.»

Ils rêvaient de présenter cette pièce à Québec, ce qui a été fait peu de temps après, au Off-Festival de Québec. Les créateurs souhaitent que leur opéra-rock soit vu un jour par le maire Régis Labaume et - pourquoi pas?- par Clotaire Rapaille lui-même. «Pour vrai, il faudrait vraiment que Régis vienne voir le spectacle, parce que ça lui ferait beaucoup de bien, croit Olivier Morin. Ça lui permettrait un rituel d'expiation.»

«C'est une pièce qui a été fait dans un but d'amitié universelle», renchérit Guillaume Tremblay.

Dans l'attente de cet illustre spectateur, ce sont les festivalier du Zoofest qui auront la chance de voir Clotaire Rapaille, l'opéra-rock.

À l'Underworld ce soir, demain et mercredi, 20h. Info: www.zoofest.com