Les humoristes qui ont inauguré cette année la présentation des galas Juste pour rire à la Place des Arts sont partagés entre nostalgie et satisfaction. Certains regrettent le Théâtre St-Denis. D'autres pensent qu'il faut tourner la page.

L'humoriste François Massicotte a vécu toute une première à la Place des Arts. Alors qu'il présentait son numéro lors du gala Bilan Nantel, un homme s'est évanoui et le spectacle a été interrompu 20 minutes.

«J'ai repris mon numéro à 23h30! Alors, si tu me demandes ce que je pense de la Place des arts! D'habitude, quand tu déménages, tu fais des améliorations. Là, je dirais que changer la thermopompe serait une bonne affaire! Si c'est une 500 000 BTU, j'irais pour une 600 000! Elle n'a pas fourni ce soir-là!»

François Massicotte a aussi été étonné par la grandeur des lieux. «Je suis arrivé par l'entrée des artistes côté salle Jean-Duceppe. Ça m'a pris une demi-heure pour arriver à Wilfrid-Pelletier! À un moment donné, j'étais rendu au métro Namur! Un méchant labyrinthe!»

Plus sérieusement, il a bien apprécié la scène, les coulisses et le décor. «Quand tu vois les décors en carton en arrière, tu te dis qu'effectivement, on était dû!»

Jean-Marc Parent a aussi bien aimé le changement. «C'est beaucoup plus beau, plus d'espace et à proximité de tout», dit-il. Même son de cloche chez Sylvain Larocque: «Les loges sont plus spacieuses, dit-il. Les locaux mieux climatisés. La salle est plus grande. La construction est propice à l'humour. On y sent bien la réponse du public.»

Sylvain Larocque est fier d'avoir joué à la PdA pour une raison plus sentimentale. «Il paraît que le premier artiste canadien-français à y avoir performé, c'est feu Claude Léveillée, dit-il. Avant lui, c'étaient des vedettes américaines ou européennes. Il paraît même qu'avant Claude Léveillée, dans le milieu, la Place des Arts était surnommée «La Place des Autres».»

Mike Ward a aussi bien aimé la PdA. «Les humoristes de ma génération et un petit plus vieux, on était trop dans nos pantoufles au St-Denis, alors qu'à la Place des Arts, même les vieux se sentaient nerveux, dit-il. Le premier jour, j'ai fait «ah, mon Dieu, je n'aimerai pas ça», car au St-Denis, je connaissais tous les recoins, mais ça a donné une nervosité qu'on n'avait pas.»

Pour un spectacle individuel par contre, Mike Ward préfèrera le St-Denis. «Les balcons sont trop loin. Et j'aime mieux l'ambiance du St-Denis.»

«J'ai trouvé ça surprenant la réaction du public à Wilfrid-Pelletier, ajoute Dominic Paquet. Je pensais que ce serait plus froid qu'au St-Denis. Ceci dit, je trouve ça un peu triste d'avoir quitté le St-Denis. C'est un lieu historique. Comme pour le hockey, c'est un peu le Forum de l'humour.»

François Morency a aussi aimé l'expérience... «mais je suis obligé d'avouer que le St-Denis 1 est à mon avis inégalable à Montréal en termes de chaleur, d'ambiance et de proximité avec le public pour un spectacle d'humour», dit-il.

«Quand tu aspirais à faire des galas, c'est au St-Denis que tu pensais, ajoute-t-il. Cette année, quand je répétais, je visualisais le St-Denis. Je voyais les murs, les coulisses, c'était plus fort que moi. Et au-delà de ça, une fois sur scène, il y a quelque chose de physique. Contrairement à la Place des Arts, au St-Denis, tu es collé aux murs ce qui fait que le son ne vagabonde pas à gauche et à droite et te revient carré dans la face.»

Enfin, Laurent Paquin n'a pas vraiment senti de différence entre la Place des arts et le St-Denis. «Je ne sais pas si c'était parce que j'étais trop absorbé par mon travail, mais j'ai trouvé que ça se passait vraiment bien. Par contre, c'était moins commode pour, euh, comment dire, pour se stationner! Mais à part ça, c'était vraiment bien.»

Pas de nostalgie donc pour Laurent Paquin. «C'est vrai qu'on disait «un jour, je vais faire le St-Denis». Il y avait un côté mythique, mais peut-être que je n'accorde pas d'importance aux mythes. Si on veut mettre des mythes là-dedans, on peut dire qu'Yvon Deschamps a fait la Place des Arts et que ça a été son endroit de prédilection pendant des mois et des mois. Si l'histoire d'amour avec le festival Juste pour rire dure longtemps, on va en refaire des mythes à la Place des Arts...»