Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Eddy King.

Il a commencé avec le rap, est passé à l'humour puis au travail d'acteur, avant de toucher au monde des DJ. On peut le voir actuellement dans le long métrage La chute de l'empire américain de Denys Arcand. Du 10 au 22 juillet, il sera pour la première fois porte-parole du festival Nuits d'Afrique, où il fera deux DJ sets. «Étant d'origine africaine et comme ce festival est un incontournable de l'été, de me voir offrir d'en être porte-parole m'a fait réellement plaisir», nous dit-il.

Le métissage de la musique

Pour

«Le métissage dans la musique est toujours inévitable. Je viens du hip-hop, dont la base est le sampling, qui est lui-même venu d'influences différentes. Il est impossible pour moi d'être contre le métissage, tant que ça se fait dans le respect. Parfois, la ligne peut être mince [et va dans] l'appropriation banale. Il faut que ce soit de bon goût.»

Plus de voix féminines dans la musique du monde

Pour

«J'ai toujours trouvé que dans certains styles de musique, surtout la musique chantée, toutes les chansons que j'aime rechantées sont celles de femmes. J'ai toujours été pour qu'il y ait plus de voix féminines. Elles ramènent plus de douceur dans la musique.»

Des quotas de diversité à l'écran

Pour

«Il va falloir être obligés, car si on attend après les gens, ça ne se fera jamais. Regarde le spectacle SLĀV où il n'y a aucune diversité... Je trouve ça un peu spécial. On dirait que les gens n'y pensent pas. Si on se rend compte que notre scène cultuelle ne reflète pas notre monde ou notre vie au quotidien, il va falloir qu'on mette des quotas pour pouvoir un peu forcer les choses.»

La multiplication des festivals d'humour à Montréal

Pour

«On est tellement d'humoristes, il y a tellement de genres. Si tout reste en un seul format et que tu es un humoriste qui n'entre pas dans le cadre, c'est peut-être chiant pour toi de percer. Qu'il y ait un autre festival, je trouve ça merveilleux. Quoique moi, je n'ai jamais eu de problèmes à faire ma place chez Juste pour rire.»

Des premiers rôles de cinéma donnés aux humoristes

Pour

«S'ils savent jouer, je suis pour ! Je sais que ça fait beaucoup de controverse, mais je pense que dans nos deux formes d'art, il y a un certain respect et on arrive à échanger. On a des acteurs qui réussissent à faire de l'humour, et vice versa. Je trouve ça cool. Ceux qui ne sont pas contents, qu'est-ce qu'ils vont dire de ce qui se passe aux États-Unis, où des rappeurs prennent des rôles de comédiens et tout [rires], et ne savent vraiment pas jouer.»

L'appropriation culturelle

Contre

«Par définition, l'appropriation culturelle survient lorsqu'une personne prend quelque chose de culturel et arrive à faire des profits avec cette chose sans que les personnes concernées puissent en bénéficier de quelque façon que ce soit. On ne peut pas être pour, jamais. Lorsque j'ai entendu que ce projet [SLĀV] allait se faire, je trouvais ça vraiment bizarre. Et lorsque j'ai entendu que c'était sorti [il était alors en Haïti], quelque chose m'a dérangé là-dedans. [...] Nous, les gens concernés, quand on parle de ces souffrances, notre voix n'est pas entendue. Et que maintenant des gens veulent faire entendre ça et en faire des profits sans inclure, ou pas suffisamment, les gens qui sont de cette souffrance-là, ça devient gênant. Je n'ai pas de misère à penser que l'intention était bonne, mais c'est vexant.»