Il a grandi dans un quartier pauvre de Detroit, il a prouvé qu'un Blanc pouvait faire du rap puis il a fini par vendre plus de 80 millions d'albums. Entre-temps, Marshall Mathers a alimenté les controverses et failli mourir d'une surdose. Avec sa vie fascinante, Eminem est un écorché sensible qui carbure à l'idée de se prouver aux autres. Son spectacle à Montréal pendant le festival Osheaga - le premier depuis octobre 2000 - est un grand événement. Portrait d'un homme sauvé par le rap.

Il a grandi dans un quartier pauvre de Detroit avec un père absent et une mère instable. L'enfant victime d'intimidation à l'école s'est transformé en batailleur. Marshall Mathers a trouvé sa voix en voulant prouver qu'il méritait le respect, alors qu'on lui faisait savoir qu'il n'avait pas sa place.

Comme dans le film 8 Miles - du nom de la rue qui séparait la banlieue riche du quartier noir pauvre de Detroit -, il a commencé à écrire des textes pour se défouler. En étant souvent le seul Blanc dans des batailles underground de rappeurs, Eminem a développé une plume explosive, baveuse et injurieuse. «Il y avait une rage en moi, a-t-il raconté en entrevue à 60 Minutes. J'étais un Blanc qui faisait de la musique prédominée par les Noirs. On me faisait sentir que je n'appartenais pas à ça. J'ai voulu leur prouver que j'étais capable et que j'allais réussir.»

Dans le fond, qu'est-ce qu'Eminem veut dans la vie? «Le respect», a-t-il répondu avec aplomb à l'animateur-vedette Anderson Cooper.

En 1999, Eminem est devenu un artiste «mainstream» avec son album The Slim Shady. Quand il est venu en spectacle à Montréal et Toronto, en octobre 2000, le ministre de la Justice ontarien de l'époque, Jim Flaherty, ademandé au gouvernement fédéral d'empêcher que «cet individu vienne ici pour prôner la violence contre les femmes».

Est-il homophobe et misogyne, à l'image des paroles de ses chansons? Eminem dit avoir utilisé les mots employés par les gens de son milieu. «Je passais un message. Je ne regrette rien, car c'est comme ça que je ressentais les choses quand je les ai dites.»

Eminem a fait tomber les préjugés à son égard en montant sur scène avec Elton John, en 2001, lors des Grammy Awards. Il s'est aussi repenti de son comportement jadis violent avec les femmes dans son duo avec Rihanna, Love The Way You Lie.

Le rappeur de 37 ans a vendu plus de 80 millions d'albums. Selon Billboard, c'est l'artiste le plus lucratif de la première décennie du XXIe siècle.

En décembre 2007, Eminem s'est effondré dans sa salle de bains. Il a fait une surdose de Vicodin, Valium, Ambien et de méthadone. «Si j'étais allé à l'hôpital deux heures plus tard, je serais mort», a-t-il confié à Anderson Cooper.

Le titre de son dernier et septième album, Recovery, parle de lui-même. Aujourd'hui, Marshall Mathers laisse paraître davantage de vulnérabilité en entrevue. Il a confié à un journaliste du RollingStone avoir de la difficulté à trouver une copine et à s'ouvrir aux autres. Il a dû apprendre à écrire et à monter sur scène en étant sobre.

Dans la chanson Not Afraid, Eminem parle même de tendre la main aux gens pour traverser la tempête. «Je veux montrer aux gens que peu importe à quel point on va mal, on ira mieux», a dit Eminem au magazine Vibe.

Aurait-il écrit Not Afraid il y a 10 ans? Non, répond-il.

Eminem n'accordera pas d'entrevues aux médias montréalais avant ou pendant Osheaga. Mais sa visite en ville est une occasion rare et une belle faveur, car Eminem donne seulement deux autres spectacles en Amérique du Nord cet été.

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Histoire de vous guider dans la luxuriante programmation d'Osheaga, nous avons regroupé certains des quelque 100 groupes ou artistes à l'affiche selon leur coin de pays.

Nos francos

Chaque année depuis les débuts d'Osheaga, des artistes francophones ont leur place parmi la programmation. Cette année, cela ne s'est pas fait sans heurts. Certains groupes ont dû respecter des conditions d'exclusivité, si bien que Malajube n'a été autorisé qu'à faire un spectacle-surprise aux FrancoFolies en salle (annoncé seulement 24 heures à l'avance), alors que Karkwa a tout simplement dû passer son tour. Avec la clientèle hors Québec d'Osheaga, c'est l'occasion pour les artistes francophones de faire le plein de nouveaux fans.

Malajube

Karkwa

Galaxie

Jimmy Hunt

Alaclair Ensemble

Jesuslesfilles

Nos Anglos

La scène indie-rock anglophone de Montréal rayonne toujours à l'international. Louangé par le New York Times, Braids a créé toute une effervescence l'hiver dernier. Le groupe qui a quitté Calgary pour avoir une nouvelle vie dans le Mile End se retrouve parmi les 10 groupes ou artistes en lice pour le prix Polaris, tout comme Timber Timbre. Tous - et plus encore - se produiront à Osheaga, tout comme les «vétérans» de Bran Van 3000 et du Sam Roberts Band.

Timber Timbre

Bran Van 3000

Sam Roberts Band

Braids

Suuns

The Barr Brothers

The Luyas

Uncle Bad Touch

Elephant Stone

The High Dials

Les Anglos du ROC

Parmi les groupes canadiens à l'affiche d'Osheaga, la présence de Death From Above 1979 est certainement celle qui crée davantage l'événement. C'est le grand retour sur scène du duo dance-punk/noise rock torontois, qui s'est séparé en 2006, après la sortie de son album presque mythique You're a Woman, I'm a Machine.

Broken Social Scene

Death From Above 1979

Tokyo Police Club

City and Colour

Fucked Up

PS I Love You

Crystal Castles

Hey Rosetta!

The Rural Alberta Advantage

Egyptrixx

MSTRKRFT

Lights

Mother Mother

Les gangs de New York

New York restera toujours un terreau indie-rock très fertile. On reverra avec plaisir Ratatat et Beirut, alors qu'il faudra surveiller la présence à Osheaga de The Pains of Being Pure At Heart, qui a le vent dans les voiles depuis la sortie de son deuxième album, The Low Anthem accumule aussi de bonnes critiques pour les pièces folk et poignantes de Smart Flesh.

The Pains of Being Pure At Heart

Ratatat

Charles Bradley

The Low Anthem

Du Midwest

L'équipe de programmation d'Osheaga frappe fort cette année auprès des amateurs de hip-hop en allant repêcher Kid Cudi, Lupe Fiasco et Eminem, qui ne s'est pas produit à Montréal depuis 10 ans. Avis aux fans: le rappeur de Detroit chantera sur la musique de son groupe et non de bandes pré-enregistrées. Janelle Monae se sera produite avant lui sur l'autre scène principale (lisez une entrevue avec elle dans nos pages la semaine prochaine).

Janelle Monae

Eminem

Kid Cudi

Lupe Fiasco

Bright Eyes

Joseph Arthur

La délégation du UK

Il sera intéressant de voir comment Elvis Costello saura séduire le public d'Osheaga, lui qui est davantage associé au Festival de jazz. Le mari de Diana Krall ne vit plus dans son Angleterre natale, contrairement à Jamie XX, Ellie Goulding (à écouter si vous aimez Lykke Li), Anna Calvi (qui suit les traces de Patti Smith ou Nina Simone) ou encore The Joy Formidable (un groupe à suivre qui s'inspire de la musique alterno des années 90).

The Joy Formidable

Elvis Costello

Ellie Goulding

Jamie XX

Anna Calvi

Girl Unit

Du Sud des États-Unis

Les festivaliers de la toute première présentation d'Osheaga se souviennent encore du spectacle mémorable et jubilatoire des Flaming Lips, qui remettent ça cette année en clôture du festival, dimanche soir.

The Flaming Lips

The Mountain Goats

Manchester Orchestra

Twin Shadow

De la côte ouest

Ils seront des milliers et des milliers de spectateurs à chanter en choeur les paroles d'Insane in the Brain, succès monstre et générationnel du groupe rap californien Cypress Hill, qui visitera pour une rare fois Montréal. Cypress Hill se produit samedi, tout comme Death Cab for Cutie, qui vient de sortir son septième album, Codes and Keys.

Death Cab for Cutie

Cypress Hill

Eels

Baths

Beirut

Bassnectar

D'un peu partout

The Sounds (Suède)

Oh Land (Danemark)