Normand Brathwaite se prêtera au jeu du bien-cuit (roast) le 22 août dans le cadre du festival ComediHa! Celui qui n’a jamais hésité à rire des autres sera ici l’objet de dérision d’une soirée animée par Laurent Paquin. Un « honneur » encore mieux qu’un hommage, selon le principal concerné.

« Il n’y a rien qui me fait plus rire que de faire rire de moi », lance Normand Brathwaite au bout du fil. Il précise que l’exercice n’est efficace que lorsque ceux qui se moquent de lui sont des gens dont il est proche, qui l’apprécient. « Faire une blague sur quelqu’un que tu n’aimes pas beaucoup — et j’en ai déjà fait une —, ça marche pas, c’est pas drôle. » Pour son bien-cuit, Réal Béland, Alex Perron, Richardson Zéphir, Yves P. Pelletier, Luce Dufault, Mona de Grenoble et Maxim Martin sont invités à se moquer de lui le temps d’un soir.

Normand Brathwaite était confiant en acceptant l’offre de ComediHa! D’abord parce qu’il entretient une longue relation avec le festival — il a animé plusieurs galas, dont celui de son 20e anniversaire. Aussi parce qu’il se sentait « mal placé pour dire non ».

J’ai passé presque toute ma carrière à taquiner les autres avec Piment fort. Laurent [Paquin] m’a dit que ça pouvait être bien cuit, très bien cuit ou broil. J’ai pris broil ! Ça m’intéresse de voir comment ils pourront aller plus loin que moi je vais sur moi-même.

Normand Brathwaite

L’animateur-acteur-musicien sait rire de lui-même. Il est aussi l’une des personnalités publiques québécoises les plus ouvertes sur sa vie. Normand Brathwaite a répondu à presque toutes les questions qui lui ont été posées pendant sa carrière. Et même lorsqu’il n’avait pas à le faire, il a parfois choisi de s’ouvrir. Comme lorsqu’il a parlé de sa dépression au moment d’accepter un prix Gémeaux. « Il y a des gens qui ne m’aiment pas parce que je dis ce que je pense et je dis toujours la vérité, affirme-t-il. D’autres personnes m’aiment justement pour ça. »

S’il sait qu’il ne risque pas d’y avoir de blagues de mauvais goût durant son Grand bien-cuit à ComediHa!, il est aussi conscient des munitions que sa grande transparence donne à ceux qui viendront le roaster. Y a-t-il des choses qu’il craint de voir abordées pendant le bien-cuit ? « J’ai juste dit à Laurent que je ne voulais pas qu’on parle de mes enfants, répond-il. Ma fille a décidé de faire ce métier, mais mes deux autres enfants, pas vraiment. Ils n’iront pas là. »

Un honneur

Pour Normand Brathwaite, dont la carrière a été souvent reconnue par des prix et hommages (dont le titre d’immortel de la télévision de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision), ce bien-cuit est un honneur. « C’est comme si on disait que tu es assez important pour qu’on remplisse une salle pour rire de toi, lance-t-il. J’aime mieux ça qu’un hommage, qui peut être malaisant un peu. »

C’est que cela fait maintenant près de 45 ans que Normand Brathwaite œuvre dans le milieu. Devenu figure incontournable du show-business, il a d’abord commencé sur les planches, après une formation en théâtre. Après une pause de quatre décennies, il est retourné à ses premières amours cet été en jouant dans la pièce Sainte-Marie-la-Mauderne, aux côtés de son ami Michel Rivard.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Normand Brathwaite, photographié durant les répétitions de la pièce Sainte-Marie-la-Mauderne avec Michel Rivard et Fayolle Jean Jr.

Ce retour au théâtre a failli ne pas se faire puisqu’il avait d’abord refusé l’offre. « Ça avait été un gros non, parce que j’ai un trac incroyable », explique-t-il, ajoutant que l’idée de ne jamais pouvoir déroger, comme en improvisation ou en animation, le terrifiait particulièrement.

L’excellente comédienne Émilie Bibeau m’avait dit que j’allais m’apercevoir en jouant plus souvent qu’on peut dévier un peu, mais comme un banc de poissons, tout le monde ensemble.

Normand Brathwaite

C’est finalement en discutant avec Michel Rivard, qui tenait vraiment à sa participation, qu’il a décidé de se lancer. Parce que Normand Brathwaite est souvent malade lorsque la nervosité s’empare de lui, son ami lui avait dit qu’il « tiendrait le bucket » pour lui, raconte-t-il. « C’est comme un grand frère, il est un tout petit peu plus vieux que moi, poursuit Normand Brathwaite. Et on a le même parcours, même si lui est allé plus loin musicalement, alors que je suis un animateur qui joue de la musique. Mais je sentais quelqu’un de ma gang à qui je pouvais m’accrocher. »

Alors qu’il a passé les derniers mois sur scène à Saint-Jérôme pour y présenter Sainte-Marie-la-Mauderne, il s’est vite rendu compte de ce dont il avait entendu parler : ce sentiment, après quelques représentations, d’avoir plus hâte d’y retourner que peur de se planter. « J’en suis là », dit Normand Brathwaite. Alors après une autre saison de Belle et bum dès la rentrée, il se lancera en tournée au printemps prochain avec enthousiasme. Et ensuite ? « Maintenant que je suis remonté sur le bicycle, j’aimerais ça continuer. Pour présenter Sainte-Marie ou une autre pièce. »

Le Grand bien-cuit de Normand Brathwaite sera présenté le 22 août au Théâtre Capitole. Suivront ceux de Michel Barrette (23 août), de Martin Matte (24 août) et de Cathy Gauthier (25 août).