On l’a vu notamment collaborer à plusieurs émissions de télé et jouer dans les séries de fiction qu’il a lui-même écrites. Voici que l’écrivain, dramaturge, metteur en scène et comédien Simon Boulerice ajoute une corde à son arc déjà bien garni avec un spectacle pour la scène tiré de son « roman par poèmes » Géolocaliser l’amour. Une mission périlleuse qui ne convainc qu’à moitié.

Juste pour rire a invité Simon Boulerice à présenter pour un soir ce spectacle très peu rodé, testé notamment en 2019 lors du festival Québec en toutes lettres et au festival Fous de théâtre de L’Assomption l’été dernier. C’était peut-être beaucoup demander au prolifique romancier…

Encadré sur la scène par le talentueux dessinateur Richard Vallerand et le DJ Samnoza (qui a remplacé au pied levé Millimetrik, annoncé au programme), Simon Boulerice s’est donné corps et âme vendredi pour faire lever le public un peu amorphe du Studio Hydro-Québec du Monument-National.

Le courant passant difficilement de la scène à la salle, plusieurs blagues de cette lecture dessinée sont tombées à plat. Et les nombreuses tentatives de l’interprète pour secouer le public sont restées infructueuses, notamment lors des intermèdes musicaux où la musique pop résonnait à fond.

Simon Boulerice a eu beau se démener comme un beau diable, twerker à qui mieux mieux et multiplier les pas de danse, le public est resté de glace, comme s’il avait laissé son entrain au vestiaire.

Intérêt inégal

Il ne faut pas croire pour autant que cette lecture vitaminée manquait de qualités. On retrouvait sur la scène une belle folie, mais surtout une indéniable sensibilité cachée sous la jovialité quasi perpétuelle qui caractérise Simon Boulerice. Les rires discrets des spectateurs cédaient souvent la place à des hon ! de compassion.

Car il y avait quelque chose d’immensément triste dans le récit que faisait l’auteur de sa quête de l’âme sœur à l’ère des Tinder et autre Grindr. Ses baises sans lendemain, ses déceptions et ses blessures souvent morales, mais parfois physiques portaient chacune un nom.

N’empêche, on est ressorti de cette lecture avec l’impression d’avoir entendu une suite d’anecdotes à l’intérêt inégal. Et pendant que les prénoms d’hommes se succédaient à l’écran, on s’est surpris à trouver le temps long…

Qui plus est, plusieurs extraits baignaient dans une poésie qui détonnait avec le ton général du spectacle. Le roman Géolocaliser l’amour est écrit comme un long poème. Or cette lecture dessinée trouverait une place qui lui conviendrait mieux dans un festival littéraire. Là où l’auteur n’est pas obligé de digresser (ou de faire littéralement le grand écart) pour provoquer les rires des spectateurs.

Géolocaliser l’amour

Géolocaliser l’amour

Lecture dessinée basée sur l’ouvrage éponyme de Simon Boulerice

Monument-National, 21 juillet, 19 h

5/10