Samuel Landry et Xavier Gould possèdent un indéniable charisme et une redoutable polyvalence. En drag, leurs personnages Sami Landri et Chiquita Mére cumulent des millions de vues sur les réseaux sociaux. Sami se lance à corps déployé dans la musique. Xavier joue au théâtre et publie de la poésie. Et le duo assurera l’animation du spectacle d’humour de Fierté Montréal, Me joke-tu ?, ce jeudi au National.

Pour mieux les connaître, nous leur avons demandé de décrire réciproquement leurs personnages. « Sami, c’est une jeune party girl du Nouveau-Brunswick qui ne care pas de ce que vous pensez, résume Xavier Gould. C’est une personne foncièrement positive. Elle a une esthétique absurde, trash, mais élégante, qui s’inspire des années 2000, mais avec une twist fashionable dont je n’ai aucun fucking clue. »

À son tour, Samuel prend un malin plaisir à présenter son acolyte. « Chiquita est une matante de la best fun way possible. Elle est silly dans son esthétique et très décomplexée. Chaque fois qu’on est en train de shopper et qu’on trouve la chose la plus laide du magasin, il faut que Xavier l’achète. Et ça devient beau sur Chiquita ! »

Consultez le compte TikTok de Sami Landri
Consultez le compte TikTok de Chiquita Mére

Leurs personnages brilleront ce jeudi sur la scène de Me joke-tu ? « On veut mettre notre humour wacky et notre côté moqueur de l’avant pour mettre en valeur les humoristes du show », souligne Samuel. Avec Justine Philie, Erika Suarez, Charlie Morin, Portia K, Maxime Ève Gagnon et Kě Xīn Li, la foule aura droit à un spectacle d’humour 100 % queer. « Puisque l’humour est un art qui raconte, les gens vont avoir droit à différents points de vue de la queerness », ajoute-t-il.

Rire queer

Un concept hautement nécessaire, selon Xavier Gould.

Encore aujourd’hui, l’industrie de l’humour francophone est dominée par des hommes blancs hétérosexuels et cisgenres, dont plusieurs, pas tous, font des blagues misogynes, racistes et sexistes. De notre côté, on ne monte pas sur scène pour insulter du monde et les faire se sentir mal, mais pour offrir plusieurs perspectives de personnes marginalisées, avec humour.

Xavier Gould

L’animation en duo ne fait pas peur aux deux artistes qui forment un couple depuis cinq ans et qui ont fait connaissance en pleine collaboration artistique.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Xavier Gould (Chiquita Mére) et Samuel Landry (Sami Landri)

Xavier a d’abord dirigé Samuel dans une pièce de théâtre à Moncton, avant qu’une amitié se développe. « Un peu plus tard, je faisais un court métrage pour le Festival international du cinéma francophone en Acadie et j’ai proposé à Sami de jouer dedans, en l’avisant qu’il y avait une scène dans laquelle on make out dans la boue, pour m’assurer qu’il soit confortable », se souvient Xavier, avant que Samuel reprenne la balle au bond. « Dans ce temps-là, j’étudiais en art dramatique et j’étais desperate de jouer dans anything. »

Peu à peu, leur intimité cinématographique s’est transformée en histoire d’amour et en de multiples créations communes. « Quand tu collabores avec la même personne over and over again, tu te challenges à aller plus loin, explique Samuel. Avec le temps, on a développé un lexique commun. »

Ainsi, impossible de se cacher face à l’autre.

C’est intense de travailler avec quelqu’un qui te connaît autant. Des fois, pendant le processus créatif, tu n’as pas conscience que tu es dans ta bullshit, mais l’autre le voit. On a une responsabilité l’une envers l’autre de s’en parler.

Xavier Gould

Heureusement que leurs bases sont extrêmement solides. « La raison pour laquelle on a autant connecté au début, c’est parce qu’on a eu des grosses conversations qui duraient des heures about l’Acadie, la queerness, la langue, notre région et nos familles, se souvient Samuel. On avait des visions différentes, mais on avait une passion égale pour ces choses-là. »

L’Acadie tatouée sur le cœur

Dès qu’on parle de leurs racines, leurs regards s’allument. « Mon acadienneté est intrinsèque à mon identité artistique. Chiquita Mére, c’est une matante du sud-est du Nouveau-Brunswick qui parle chiac, pas juste une matante canadienne francophone. »

Même son de cloche chez son partenaire. « Le chiac est essentiel à ce que Sami Landri fait dans les vidéos sur TikTok et dans les paroles de ma musique, souligne Samuel. Je ne change pas une miette comment je m’exprime. »

À ce sujet, le couple a été confronté à certains défis en quittant Moncton pour Montréal. « Si tu as l’accent du Sud-Est et que tu déménages au Québec pour œuvrer dans les arts, tu as deux fourches devant toi : celle de cacher ton accent pour t’intégrer et avoir plus de contrats, de respect et de validité dans certains contextes, ou parler comme on parle en vivant avec les conséquences », résume Xavier Gould, avant de préciser que les conséquences peuvent aussi être belles.

« On est fucking lucky que nos accents nous démarquent positivement, mais on n’est pas les premières à le faire. Lisa LeBlanc, P’tit Belliveau et Les Hay Babies l’ont aussi fait à leur manière au cours des dernières années. »

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