(Québec) Simple comme bonjour, mitonner un gala d’humour ? Au ComediHa! Fest-Québec, l’entreprise s’apparente plutôt à une joyeuse épopée d’un an de travail, deux centaines de paires de bras, une panoplie d’accessoires et beaucoup de sous… pour trois heures de spectacle. Parce que faire rire, c’est sérieux !

Mercredi après-midi, coulisses du Grand Théâtre de Québec. Il n’est pas 14 h que déjà l’étroit couloir menant des loges à la scène bourdonne d’activité. Dans quelques heures, Laurent Paquin, animateur de la deuxième soirée de gala du ComediHa! Fest-Québec 2023, souhaitera la bienvenue au public et à ses invités (Guillaume Wagner, Rachelle Elie, Sylvain Larocque, Anthony Kavanagh, Billy Tellier…). Alors que le rendez-vous de Marc Dupré, la veille, respirait la paillette et les variétés, celui de Laurent Paquin se jouera plutôt dans la simplicité, avec essentiellement des vignettes de stand up (et une apparition surprise de René Simard en camisole de force !).

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Les humoristes Katherine Levac et Phil Roy répètent leur numéro sur la scène du Grand Théâtre de Québec.

Avant le souper, les artistes montent un à un sur les planches, devant un parterre vide, pour répéter leur prestation.

Pendant que Phil Roy et Katherine Levac, en tandem, s’envoient leurs répliques portant sur leur réalité de nouveaux parents, à l’étage supérieur, Laurent Paquin, entre deux précisions avec un collaborateur, découvre dans son espace de repos une bouteille de scotch offerte par la production de ComediHa! Il se confondra en remerciements à qui voudra l’entendre dans les minutes suivantes.

L’homme de 51 ans n’a pourtant besoin d’aucune larme d’alcool pour maîtriser son stress. Si on n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace, imaginez comment un Laurent Paquin cumulant 19 galas consécutifs – 18 à Juste pour rire, un au ComediHa! Fest – se sent chez lui dans pareil décor.

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Laurent Paquin dans les coulisses

Je trouve encore ça hot et prestigieux, animer un gala. J’aime penser qu’un jeune vivra son premier gala, j’aime faire des numéros en duo. J’ai une fierté d’être encore là.

Laurent Paquin

Une superstition ou une habitude particulière avant le jour G (pour gala), Laurent ?

« Je n’ai pas de rituel. J’ai seulement besoin d’une demi-heure avant le show, où je peux être tout seul, dans ma bulle, pour me mettre dans le bon état d’esprit. »

« Jusqu’à la dernière seconde »

Toute la besogne qui culmine en cette cruciale journée s’étale sur une année entière. En ce moment, les troupes de création de ComediHa! s’affairent à choisir les hôtes des galas 2024, lesquels marqueront les 25 ans du festival. Les vedettes en question devront avoir paraphé leur contrat avant Noël. À la mi-février s’enclenche le travail de production : embauche des auteurs et metteurs en scène, écriture, élaboration des concepts, répétitions…

Les maîtres de cérémonie ont droit de regard sur les personnalités participant à leur gala, mais il revient à ComediHa! et Radio-Canada, diffuseur de l’évènement au petit écran – pleinement impliqué à réviser les textes et à veiller à la diversité des convives –, de trancher sur le contenu. On cherche évidemment à créer des moments aussi magiques et mémorables qu’audacieux et spontanés.

  • Les humoristes Katherine Levac et Phil Roy écoutent les directives concernant le positionnement sur scène.

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    Les humoristes Katherine Levac et Phil Roy écoutent les directives concernant le positionnement sur scène.

  • Karyne Péloquin, productrice déléguée

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    Karyne Péloquin, productrice déléguée

  • Patrick Bergeron, producteur de contenu

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    Patrick Bergeron, producteur de contenu

  • L’humoriste Anthony Kavanagh discute avec un membre de l’équipe de production avec d’entrer en scène pour pratiquer son numéro.

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    L’humoriste Anthony Kavanagh discute avec un membre de l’équipe de production avec d’entrer en scène pour pratiquer son numéro.

  • L’équipe de production prépare le gala.

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    L’équipe de production prépare le gala.

  • L’humoriste Guillaume Wagner répète son numéro sur la scène.

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    L’humoriste Guillaume Wagner répète son numéro sur la scène.

  • Les humoristes Katherine Levac et Phil Roy terminent leur numéro devant une salle vide et quittent la scène.

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    Les humoristes Katherine Levac et Phil Roy terminent leur numéro devant une salle vide et quittent la scène.

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Les équipes de contenu sont très proactives, au jour le jour. On fait des ajustements dans les textes jusqu’à la dernière seconde. On sait qu’on peut réagir très vite à ce qui se passe dans l’actualité.

Karine Péloquin, productrice déléguée des galas ComediHa!

Beaucoup de monde s’affaire aux grands-messes ComediHa! (voir les chiffres exacts plus bas). Des dizaines de caisses de matériel s’entassent derrière le rideau de scène. Or, l’essence même d’un bon gala ne réside pas dans la fioriture, estime Laurent Paquin.

« Le monde de l’humour est l’un des milieux artistiques qui se renouvellent le plus. Parfois, on se donne du mal, avec des numéros de groupe, des accessoires, des affaires qui descendent du plafond. Moi, plus je vieillis, plus j’y vais simplement. Il n’y a rien qui bat un bon gag bien écrit. Pas besoin de faire exploser quelqu’un sur scène pour que ça soit bon… », expose-t-il.

Les galas ComediHa! en chiffres

  • La série de six galas annuels du ComediHa! Fest-Québec représente un investissement d’un peu plus de 4 millions de dollars, pour une enveloppe d’environ 700 000 $ par soirée.
  • À lui seul, le budget alloué aux accessoires, aux coiffures et aux maquillages d’un gala est de 50 000 $.
  • Un gala peut nécessiter jusqu’à 250 accessoires.
  • Outre la soixantaine d’artistes défilant sur scène (humoristes, figurants, danseurs…), 150 personnes (auteurs, metteurs en scène, concepteurs visuels et sonores, équipe de la captation télévisée, etc.) travaillent sur chaque gala. Tout animateur a son metteur en scène et ses auteurs attitrés.
  • La coordination en salle et la captation télé nécessitent l’utilisation d’une trentaine de microphones programmés en réseau, afin que tous les artisans de tous les départements puissent communiquer entre eux pendant le spectacle.
  • Neuf caméras sont employées pour la captation télévisée. La régie mobile stationnée à quelques pas du Grand Théâtre de Québec, où œuvrent les réalisateurs et leur équipe, et son équipement sont d’une valeur de 3 millions de dollars.
  • Les animateurs doivent proposer quatre numéros originaux, écrits et montés sur mesure pour leur gala.