C’est lorsqu’il devient conteur que Jean-Thomas Jobin est le plus convaincant. Dans son quatrième spectacle, présenté en première montréalaise jeudi soir à L’Olympia, son humour absurde fait de belles choses quand il est imbriqué dans des histoires. Il est cependant moins concluant lorsqu’il devient trop éparpillé et imprévisible.

Il y a quelque chose de très sympathique et engageant dans la proposition de Jean-Thomas Jobin. Sa manière de faire rire avec les choses qui ne sont pas drôles est efficace. Il manie toutefois l’absurde d’une façon qui n’accroche pas toujours et qui laisse parfois perplexe.

L’auteure de ces lignes est bien consciente qu’il est complexe de se prononcer sur l’efficacité d’un numéro absurde. Le malaise créé peut être le but même d’un gag. On est souvent amené dans des contextes si peu amusants que c’en est drôle. Jean-Thomas Jobin met souvent les pieds sur ce territoire. Des blagues faciles, de mauvaises blagues même, passent plutôt bien auprès du public parce que c’est exactement le but : dans son ton de voix, dans sa posture, dans sa façon d’énoncer ses punchs, Jean-Thomas Jobin cherche à générer un certain inconfort, qui finalement fait rire.

La première partie de son spectacle est complètement tissée autour de l’imprévisibilité.

Il n’y a aucun fil conducteur, ce qui rend les transitions parfois un peu lourdes. Le rythme n’est pas très engageant, même si la foule de L’Olympia est réceptive aux bonds spontanés dans la trame du spectacle. On comprend l’envie d’un certain ridicule, mais on ne l’atteint pas tout le temps. On flotte parfois dans des limbes où ce n’est ni sensé ni vraiment ridicule et donc pas tout à fait drôle. On sourit souvent, on ne rit pas tout le temps.

Du coq à l’âne

Quand les lumières se tamisent à L’Olympia, Jean-Thomas Jobin s’improvise d’abord marionnettiste. Sa poupée, Minigo, un enfant de 7 ans au vocabulaire très développé, fait l’introduction avant la « vraie » arrivée de l’humoriste. C’est tout à fait absurde et on est ainsi prévenu de ce qui nous attend. Il saute souvent du coq à l’âne sans même qu’on ait le temps de s’en rendre compte, il se met à danser tout à coup, il empile les blagues puériles « pour résister et lutter contre le cycle de la vie » et l’âge adulte, il sort des jeux de mots bancals.

L’utilisation des accessoires n’est pas toujours claire : on ne comprend par exemple pas tout à fait pourquoi une table à dînette trône au beau milieu de la scène.

Jeudi soir, pour présenter pour la première fois son quatrième one-man show, son « premier depuis le troisième », Jean-Thomas Jobin était concurrencé par la présence de P!nk au Centre Bell. Reconnaissant qu’on ait choisi de le retrouver à L’Olympia, il a été généreux, abordant toutes sortes de sujets.

Lorsqu’il parle des gens, de ses rencontres personnelles (avec sa coiffeuse ou son grand ami Mike Ward, par exemple) ou des utilisateurs « random » sur Facebook, il devient plus captivant.

Le conteur

C’est lorsqu’il s’engage dans le second segment de son spectacle que Jean-Thomas Jobin nous captive finalement. Les bribes de sa vie qu’il nous raconte nous donnent envie de vraiment rire. Le ton est bien moins saccadé. Il laisse alors tomber le côté rigide de son élocution, que l’on peut aimer ou pas, mais qui est forcément moins engageant.

Le gagnant de la première mouture de Big Brother Célébrités revient sur la fois où on lui a demandé de cesser de porter ses casquettes de Claude Legault. Il s’amuse à deviner comment les drapeaux de certains pays ont été inventés. Il raconte un de ses rêves, quand le joueur de tennis Rafael Nadal le draguait sur Facebook Messenger. Il prend un nouveau (et très bon) rythme.

Ses constats sur le monde sont intéressants. On apprécie aussi les moments, scriptés ou non (cela reste à voir), où il s’adresse à son public pour passer des commentaires. « Ça, c’est un rire de pitié, mais rendu là, je vais tout prendre », lâche-t-il à un moment donné.

L’un des meilleurs moments du spectacle survient lorsqu’il aborde le décès de ses deux parents, à cinq mois d’intervalle. Il prévient son public qu’il ne doit pas se sentir mal de rire de ses blagues qui, oui, traitent de la mort et du deuil, mais qui l’ont aussi aidé à « ventiler » et à naviguer à travers toute sa peine. Les moments cocasses des obsèques de son père et du processus pour l’incinération de sa mère sont racontés avec beaucoup d’adresse (et d’émotion aussi).

Un constat s’impose à la fin de ce spectacle : Jean-Thomas Jobin est hautement sympathique. Et son one-man l’est aussi, bien qu’il soit quelque peu inégal.

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Dix Stricts Trente Thés Un

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Humour

En tournée au Québec

6/10