Alors que la longue tournée de son dernier spectacle touche à sa fin, Rachid Badouri voit Les fleurs du tapis atterrir sur Netflix en diffusion mondiale ce jeudi. Un jalon que peu d’humoristes québécois atteignent, une visibilité sans pareille pour l’humour d’ici comme pour lui-même et un honneur qu’il ne prend pas à la légère.

« Netflix, c’est la Mecque quand il est question d’humour. C’est rendu énorme, c’est l’apogée pour nous. C’est la Coupe du monde ! »

Comment Rachid Badouri s’est-il donc retrouvé à la Coupe du monde de l’humour ? D’abord, certainement, parce que son parcours l’a mené jusque-là. Après Martin Matte et Mathieu Dufour, il est le troisième Québécois à avoir son « special » sur la plateforme, ce qui n’étonnera probablement personne. Autre raison importante : la personne chargée de la diffusion de l’humour sur Netflix est un Montréalais, Robbie Praw, et il sait bien que l’industrie du rire, au Québec, vaut la peine qu’on s’y attarde.

Netflix a signé une entente avec Juste pour rire pour s’attaquer au marché francophone et présenter trois spectacles d’humoristes francophones en trois ans. Et Netflix voulait que le premier, ce soit le mien.

Rachid Badouri

Voilà donc le troisième spectacle solo de l’humoriste, Les fleurs du tapis, qui débarque sur la plateforme de diffusion en ligne la plus populaire au monde. La captation s’est faite en un temps record. Après « le deal » avec le géant Netflix puis « l’appel » pour signifier que l’on souhaitait avoir une version du spectacle pour diffusion en ligne, il a fallu trouver une salle, des techniciens et du public très vite.

« C’était ma troisième captation. Et je me souviens que la première, c’était l’enfer. Il avait fallu que je reste à la fin pour refaire certaines affaires. J’étais trop... constipé. Ce qu’il faut, c’est que ce soit comme n’importe quel autre show. »

Dans un Olympia bondé, entre deux spectacles en anglais qu’il présente ces jours-ci, il a présenté le spectacle Les fleurs du tapis que l’on retrouve sur Netflix, sous-titré en français du Québec, en « français de France » ainsi qu’en anglais et diffusé mondialement.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Rachid Badouri

Carte de visite

Rachid Badouri le sait, pour ses pairs et pour lui, pour l’industrie de l’humour au Québec, cette occasion est « énorme ». « Amazon Prime est arrivé il y a quelques années avec plein de projets d’humour dont on a fait partie, dit Badouri. Et je me suis dit que Netflix, sans être en retard, devait aussi arriver. Un an de plus et je me serais demandé ce qui se passe. Tout le milieu de l’humour dans le monde connaît Montréal grâce à Just For Laughs. Il y a un truc ici, autant avec les artistes francophones qu’anglophones. Il fallait que l’humour québécois fasse partie de cette grande fête sur Netflix, qui est la plus grosse plateforme pour l’humour en ce moment, il y a des légendes là-dessus. »

À titre individuel, comment voit-il ce moment clé de sa carrière ? « C’est une très belle carte de visite », affirme l’humoriste, dont le premier spectacle, Arrête ton cinéma !, a été lancé en 2007. Une nouvelle porte s’ouvre pour l’artiste d’expérience. « J’ai une agente à New York, mais quand elle parle de moi, ils ne savent pas vraiment qui je suis, parce que je suis un francophone. Mais là, les gens vont voir le spectacle, avec les sous-titres en anglais, et tout comprendre. »

Un spectacle particulier

Le public pourra tout comprendre d’un spectacle où Rachid Badouri, pour la première fois, se montre particulièrement vulnérable et donne même son avis sur certains sujets, ce qu’il avait moins osé auparavant.

Pour moi, c’est le spectacle qui devait être mis là. Arrête ton cinéma !, c’était flamboyant, mais je n’avais pas la même maturité. Dans Les fleurs du tapis, je suis à découvert, j’explique une descente aux enfers, je dis ce que je pense.

Rachid Badouri

Ainsi, le public du monde entier partira à la rencontre d’une nouvelle version de Rachid Badouri, dont il semble particulièrement fier.

Et parce qu’il s’est lancé sur la voie de la vulnérabilité et de la transparence, l’humoriste ne compte pas s’arrêter là. La suite ? « Ça va me prendre encore plus de courage, je vais parler d’affaires dont je n’ai pas encore parlé dans ce spectacle-là, dévoile-t-il. Il nous est arrivé des choses avec ma femme. On a perdu un bébé et je veux essayer de l’aborder de façon humoristique. Il y a des sujets que je veux vraiment aller chercher. »

Trois spectacles solos plus tard, à la veille de la sortie sur Netflix de son propre « special », Rachid Badouri affirme que la prochaine étape de son parcours consiste à s’asseoir dans les salles de spectacle pour regarder ce qu’il se fait, en stand-up, ces temps-ci. Malgré toute l’expérience accumulée, voir la jeune génération à l’œuvre lui permet de rester à jour, d’avoir des références pour ensuite se lancer dans l’écriture de son propre prochain spectacle, dit-il. « Je retourne à l’école, dans le fond. »

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