L’humoriste Mehdi Bousaidan est de retour sur scène avec son deuxième one man show, Mouton. Et alors que sa carrière commence à décoller en France, il fait le pari de faire vivre son humour des deux côtés de l’Atlantique.

Mehdi rêvait depuis longtemps de la France. La lourdeur postpandémique l’a incité à se lancer il y a deux ans, question de changer d’air.

« Ça fait du bien de changer d’environnement. Ça développe le muscle de la créativité. Plus tu bouges, plus tu vis d’expériences, plus tu peux les raconter, plus tu as de jokes. »

Plutôt que d’arriver par la grande porte en tablant sur son statut d’humoriste connu au Québec, il a choisi la voie du débutant. Il a ainsi commencé à jouer dans les comedy clubs, qui pullulent à Paris, pour y développer de nouveaux numéros, mais aussi pour observer où en est rendu l’humour français.

« Ils ont vraiment développé une façon de faire rire rapidement. Avant, c’était long, l’humour français, il y avait une joke toutes les 30 secondes… Mais là en cinq minutes, ils te démolissent ! C’est punch punch punch. Quand je suis arrivé, j’étais sur le cul. »

L’école des comedy clubs lui a permis de créer et de roder de nombreux numéros, et il s’est vite retrouvé à faire des premières parties pour les humoristes vedettes que sont Fary et Roman Frayssinet. Parallèlement, il a commencé à écrire un spectacle pour la France, qu’il a rodé tout l’automne, et celui pour le Québec, Mouton, qui commence cet hiver. L’expérience française, dit-il, a grandement influencé son travail.

Mouton est plus stand-up que mon premier. Dans Demain, j’avais mis de l’énergie sur la mise en scène, l’écran interactif, la musique : je voulais montrer tout ce que je savais faire. Là c’est du stand-up plus classique, très simple, avec un tabouret et un micro. Bon, il y a un beau travail d’éclairage quand même…

Mehdi Bousaidan

Mehdi s’est donné le défi de « faire rire plus encore », mais en utilisant moins de moyens. Et il continuera à poser son regard amusé et critique sur le monde d’aujourd’hui, en allant du plus léger au plus engagé. « Mais toujours en subtilité, jamais trop gras. »

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Mehdi Bousaidan en 2019 lors d’une représentation de son précédent spectacle, Demain

Dans Mouton, la crise écologique, la liberté d’expression mise à mal, la désinformation font partie des sujets abordés, alors que la ligne directrice du spectacle est certainement l’omniprésence du numérique – on pourrait dire en fait notre dépendance.

« Souvent on ne s’en rend même pas compte », dit Mehdi, qui est conscient que, comme pour tout le monde, la technologie prend beaucoup trop de place dans sa vie. « Je le vois que c’est une vraie drogue. On est au début d’une ère, l’internet, ça ne fait pas longtemps que c’est là. On saute à pieds joints dedans sans se rendre compte des dangers. »

Défi

Mehdi Bousaidan a fait beaucoup de télé depuis ses débuts – la série Med, sur Vrak, l’a en quelque sorte lancé, mais il a été autant à la narration de L’île de l’amour que dans la distribution du Bye bye en 2020 et en 2021.

Mais les tournages ont fini par lui gruger beaucoup de temps d’écriture, et il affirme que c’est une des raisons de son départ pour Paris.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Mehdi Bousaidan

Je voulais couper certains ponts. Tu reçois beaucoup de projets, tu ne peux pas dire non. Si tu es à l’extérieur, c’est plus simple de se concentrer sur une seule chose.

Mehdi Bousaidan

Il n’écarte pas pour autant la télé et le cinéma, et a par exemple un « beau projet » de série avec Rachid Badouri. « Ça avance, mais il manque trop d’info pour en parler. »

Le rodage de Mouton est terminé, la tournée commencée – la première médiatique aura lieu à l’Olympia le 8 février –, et l’humoriste est bien content de renouer avec le public québécois. Les représentations seront concentrées dans la première moitié de l’année, environ 40 d’ici le mois de juillet. Mehdi retournera ensuite en France en septembre pour y présenter le spectacle créé exclusivement pour le public européen.

« La résidence a bien marché, il y a eu une belle réponse. Je vais revenir peut-être dans de plus grandes salles. Il y a de la demande aussi un peu partout en France, ça va faire une bonne tournée. »

Son objectif : continuer de cette manière, en changeant de continent tous les six mois. Il se voit d’ailleurs revenir ici en 2025… avec un autre nouveau spectacle. Et ainsi de suite. « C’est dur, mais faisable. C’est le défi que je me donne. On va essayer. »

L’apnée comme outil de travail

C’est clair, l’humoriste de 32 ans aime prendre des risques. Il a d’ailleurs commencé à faire de la plongée en apnée, une autre manière de tester ses limites. « J’ai découvert ça en 2022, en Thaïlande. Depuis, j’y retourne chaque fois que c’est possible. »

Il peut rester sous l’eau 5 minutes sans bouger, et 3 minutes 30 en mouvement. Son record : une descente jusqu’à 37 mètres de profondeur. Il est convaincu que cette activité le rend meilleur artiste, l’aide à être plus concentré, plus conscient de sa respiration et de son corps.

« Quand on est sous l’eau, on n’a pas le choix d’être focus, sinon on meurt. J’aurais aimé catcher ça plus tôt : plus tu maîtrises ton corps, plus tu maîtrises ton esprit. »

Le confort, croit-il, est le pire ennemi de l’artiste. « J’adore me mettre en danger. Pas tout le temps, je ne traverse pas la rue les yeux fermés ! Mais c’est là que ton instinct de survie embarque. Et que tu commences à créer. »

À la Cinquième Salle de la Place des Arts les 26 et 27 janvier et à l’Olympia de Montréal le 8 février dans le cadre de sa tournée québécoise

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