Anthologie de fiction spéculative « bispirituelle et indigiqueer », L’amour aux temps d’après réunit neuf voix des Premières Nations, et use abondamment d’écriture inclusive, de langage cri et obijwé aussi.

Mais ne laissez pas cette prémisse vous détourner de ce recueil fascinant et émouvant, façonné sous la direction de Joshua Whitehead, membre oji-cri/nehiyow de la Première Nation de Peguis, au Manitoba, et auteur du roman Jonny Appleseed (Mémoire d’encrier).

On y plonge dans des récits futuristes qui se déroulent sur fond d’apocalypse, de catastrophes climatiques ou de ségrégations, et y rencontre des personnages autochtones queer, bispirituels, trans, non binaires ou même carrément posthumains. Des protagonistes qui vivent dans le monde d’après, celui où tout s’est écroulé : une IA dans le corps d’un rat qui se rebellera contre son destin préprogrammé ; une mère et sa fille qui refusent la colonisation interplanétaire pour demeurer sur cette Terre mère que tous abandonnent ; des « synth-enfants » qui fuient dans un arbre-vaisseau spatial pour éviter de se faire massacrer.

À ces sombres dystopies, ces nouvelles ont l’audace de répondre par l’utopie et transportent les lecteurs vers des lendemains où fleurit l’espoir. « Et maintenant, je sais que la seule façon de survivre à l’apocalypse est de créer le monde à notre image. Alors, commençons tout de suite », écrit la narratrice 2spirituelle de « Comment survivre à l’apocalypse quand on est une fille autochtone » (Kai Minosh Pyle). Ces histoires de résilience et d’amour recousent le fil cassé d’une humanité qui a perdu son sens, alors que la sagesse et les savoirs ancestraux des Premières Nations sont la clef de voûte vers la reconstruction, voire la réinvention de l’espèce humaine, traçant le pont entre le passé et le futur.

L’amour aux temps d’après

L’amour aux temps d’après

Alto

204 pages

8/10