Après Fécondes, un premier roman qui abordait la question de la féminité avec sensibilité et douceur, Anne Genest propose une incursion dans le quotidien d’un couple à la dérive avec La sueur est un désir d’évaporation.

La course occupe une grande place dans la vie d’Anne Genest, qui, en plus de se consacrer à l’écriture, est aussi férue d’ultramarathons avec son conjoint, Joan Roch. On n’est donc pas étonnée de voir ce sport occuper une place centrale dans son nouveau roman, au joli titre évocateur. On l’est plus en découvrant que l’autrice fait de Bernard, le conjoint de Jacinthe, le narrateur de cette histoire intimiste qui prend par moments des airs de thriller psychologique. C’est que Jacinthe, une cinquantenaire insatisfaite de sa vie, se met du jour au lendemain à la course à pied, pour laquelle elle développera une vraie passion, voire une obsession. Ce qui provoque des changements dans son apparence physique, mais aussi sa personnalité et son humeur, changements que Bernard relate avec une anxiété grandissante. Libraire récemment retraité, homme sans initiative qui désire plus que tout que les choses restent bien à leur place et confortables, Bernard prendra très mal la nouvelle direction que Jacinthe donne à sa vie. Jusqu’où ira-t-il pour arrêter son élan ?

La voie facile, pour Anne Genest, aurait été de donner la parole à ce personnage féminin qui cherche à s’évader d’une vie monotone. Elle prend plutôt le pari de raconter l’histoire du point de vue de l’homme laissé derrière, un personnage mou et aigri auquel il est difficile de s’attacher, mais dont elle trace bien les contours psychologiques. Elle réussit à installer une tension dramatique qui nous tient par moments sur le bout de notre siège, mais le récit s’éparpille et stagne, puis nous amène finalement là où on ne l’attend pas. Une lecture intéressante, mais qui nous laisse un peu sur notre faim.

La sueur est un désir d’évaporation

La sueur est un désir d’évaporation

Libre Expression

192 pages

6/10