« Je crois à la magie, comme ma mère », annonce la narratrice de Glu, une profession de foi envers la fugacité des liens néanmoins essentiels qui lui permettent de rester du côté de la vie.

Après avoir publié deux livres de poésie (L’alphabet du don, La femme assise), Clémence Dumas-Côté signe ici un pur premier roman de poète, non pas au sens péjoratif où on emploie parfois cette expression afin de décrire un texte qui se complairait dans un surcroît de figures de style, mais plutôt au sens où l’écrivaine fabrique des images et des scènes entêtantes, dont la signification est moins équivoque que riche.

D’une langue à la fois directe et onirique, sous la lumière de laquelle le quotidien ressemble à une apesanteur, Glu s’amorce alors que le voisin de sa narratrice saute en bas du toit de son immeuble et meurt.

Obnubilée par ce geste d’une soufflante radicalité et, pourtant, d’une troublante simplicité, la jeune femme tente de comprendre ce qui a motivé cette décision, mais surtout ce qui la motive elle-même chaque jour à ne se lancer de son propre balcon.

Portrait en flash-backs d’une étrange enfant sensible, dérive dans les rues chargées d’odeurs de Parc-Extension et dans les pensées d’une intime des grandes questions, hommage gentiment satirique à cette école de l’empathie que sont les balados ; Glu invente son ensorcelante musique en se calant sur le souffle de l’autre. Il raconte surtout une renaissance : celle d’une mère qui choisit de recoller ses morceaux, parce qu’elle préfère au mystère de la mort celui de tout ce qui confère à la vie — un enfant qui joue, les pâtisseries grecques, l’orgasme, les fleurs, les chansons de Starmania – son inimitable texture.

Glu

Glu

Les Herbes rouges

160 pages

8/10