Il y a 20 ans, elle scandalisait avec La vie sexuelle de Catherine M., récit détaillé de ses innombrables partouzes et soirées échangistes. L’incroyable succès de ce livre audacieux (plus de 2 millions d’exemplaires vendus !) ne doit pas faire oublier que Catherine Millet fut d’abord une critique d’art bien connue, cofondatrice en 1972 du magazine Art Press, qui existe toujours.

Si on le souligne, c’est que ses débuts professionnels sont au cœur de Commencements, sa nouvelle tranche autobiographique. Les amateurs de soirées coquines seront déçus. Le livre contient sa part d’anecdotes salaces, mais on y découvre surtout comment une jeune femme encore verte a construit son sens critique, au gré des rencontres humaines et artistiques. Commencements est aussi, pour beaucoup, la chronique d’un milieu et d’une époque, soit l’avant-garde artistique parisienne à la fin des années 1960. On saisit bien l’effervescence qui animait alors la scène de l’art conceptuel. Ce sentiment du « tout est possible », avec Mai 68 en toile de fond.

Mais le polaroïd se transforme très vite en festival de name dropping, que seuls les initiés seront en mesure d’apprécier à sa juste valeur. Les autres seront possiblement assommés par cette avalanche de noms d’artistes ou de galeristes plus ou moins connus, que le style froid de Catherine Millet ne parvient pas toujours à transcender, malgré quelques fulgurances littéraires qui confirment son vrai talent d’écrivain et quelques réflexions lucides sur cette période formatrice de la vie.

Commencements

Commencements

Flammarion

314 pages

7,5/10