« Je vous la donne tout de suite, après vous pouvez arrêter de lire le livre. La recette de l’amour est simple : l’intimité appelle l’intimité », écrit l’humoriste Léa Stréliski dans son nouvel essai. Nous lui avons quand même proposé de développer sa pensée.

Léa Stréliski, autrice de livres de croissance personnelle ? « Ça ne me dérange pas du tout qu’on dise ça, parce que c’est ce que je fais, mais en même temps, je m’en joue », répond l’humoriste, chroniqueuse, twitteuse immodérée et nouvelle animatrice de la chouette émission balado Dans ma semaine. « Ça a un côté vendeur d’aspirateurs total d’appeler ça La recette de l’amour. C’est la langue des marketeux, qui prétendent avoir trouvé la recette magique, alors que c’est impossible de trouver la recette à quoi que ce soit. »

Ce deuxième essai est donc le livre d’une femme qui « sait qu’elle ne sait rien », mais à qui « la vie a quand même appris certains trucs », et qui avait envie de les offrir en partage. Si elle est en couple avec le même homme depuis 16 ans et qu’elle a créé avec son tendre légitime trois enfants aujourd’hui âgés de 8, 11 et 13 ans, Léa Stréliski a déjà été de celles qui cherchent « un beau gars avec des beaux souliers et de l’argent ». « J’étais dans la vingtaine et, comme tout le monde, j’étais attirée par ce qui est brillant. »

C’était avant que Pierre Alexandre, celui pour qui elle en pinçait secrètement en 3année du primaire, la retrouve sur Facebook et lui propose, au bout de quelques jours d’échanges épistolaires, qu’ils se rencontrent sous un pont du quartier de leur enfance.

Une véritable scène de comédie romantique ? « Mais ce qui est encore plus beau, précise Léa Stréliski, c’est que dans notre cas, ce n’était pas artificiel. »

L’ouvrage de l’amour

Malgré ce premier envol de papillon sous d’angéliques auspices, cette relation, parce que la vie n’est pas un film, rencontrera certains écueils incontournables pour qui refuse d’abandonner au premier obstacle. L’amour, c’est de l’ouvrage, disait Jean-Pierre Ferland (ainsi que la grand-mère de Léa Stréliski). Mais de quel genre d’ouvrage parle-t-on lorsque l’on prononce cette phrase d’apparence peu enthousiasmante ?

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Léa Stréliski

Le travail, c’est toutes les conversations qui tissent ton lien. C’est tous les sujets qu’il faut aborder dans le quotidien : comment on élève les enfants, où est-ce qu’on habite, qui vide le lave-vaisselle, auxquels tu ajoutes les relations intimes. Le travail, c’est d’avoir le courage de dire toutes ces choses qui sont dures à dire et qui ne sont pas confortables.

Léa Stréliski

La mariée comblée confirme que, comme elle l’évoque dans son livre, il lui est un jour arrivé d’unfriender son époux, après une très tempétueuse prise de bec. Elle aura plus tard l’humilité de lui renvoyer une demande d’amitié. « J’ai déjà refriendé mon mari, oui, et ça te dit tout ce que tu as à savoir sur l’humour que ça prend pour être un couple à long terme ! », s’exclame-t-elle. « Parce que grandir ensemble, c’est apprendre à mieux se chicaner. »

Bien se chicaner, compétence essentielle à acquérir pour les amoureux animés par le dur désir de durer ? Indéniablement. « Mais souvent, quand on se chicane, on fait juste chercher le lien avec l’autre, précise Léa. Ça m’a pris du temps à comprendre qu’un couple qui se chicane a parfois juste besoin de fourrer. » Vous l’aurez lu ici.

Le côté love de la force

L’intimité appelle l’intimité, écrit Léa Stréliski dans ce livre qui, à l’instar du précédent, La vie n’est pas une course, vante les mérites d’un profond travail de connaissance de soi, condition sine qua non à ce que naisse sur des bases solides sa relation avec l’autre. Un travail qui ne peut s’accomplir qu’en se tenant à un ou deux bras de distance du rythme usiné de la vie de contribuable-consommateur.

Si tu refuses que la vie soit une course, tu bascules forcément du côté love de la force.

Léa Stréliski

Mais qu’est-ce que l’intimité au juste ? « C’est un rapport à sa propre vérité. C’est savoir exprimer ce qu’on est. C’est cette sensation de richesse intérieure qu’il faut développer soi-même, mais que l’autre nourrit. Et c’est le mystère ! C’est le mystère qui est merveilleux : qu’est-ce qui fait que cet homme, j’ai encore envie d’être avec lui ? Pourquoi il m’intéresse tout le temps ? »

Elle le reconnaît : son couple – hétérosexuel, uni pour le meilleur et pour le pire devant Dieu, trois rejetons – correspond à une tradition que certains envisagent désormais comme une camisole de force. « Mais mon appel à l’amour n’a rien de rigide », explique celle qui signe ici une invitation à renouer avec le sens de l’émerveillement propre à ces « ninjas de l’amour » que sont les enfants.

« Mon appel est mille fois plus large que l’exemple que représente mon couple, parce que l’amour peut s’inscrire dans toutes nos relations, dans notre travail, nos passions, dans ce qu’on mange, dans les décisions qu’on prend, dans tout. Mon livre, c’est un appel à essayer d’en injecter dans tous les recoins de nos vies. »

La recette de l’amour

La recette de l’amour

Québec Amérique

180 pages