Sarah Bernstein avait en tête les mots d’un artiste lorsqu’elle a commencé à écrire son deuxième roman intitulé Study for Obedience.

Elle avait visité une exposition consacrée à l’artiste visuelle Paua Rego à Édimbourg, en Écosse. Une citation placée sur un mur de la galerie d’art l’avait particulièrement marquée.

« La citation disait quelque chose comme : “je peux renverser une situation comme je le veux”. Je peux rendre mes femmes obéissantes et meurtrières à la fois », se souvient Sarah Bernstein.

Selon elle, cette citation rend compte « d’une intéressante tension » et l’a inspirée pour écrire son roman qui fait partie de la longue liste de candidats au prix Booker qui récompense le meilleur livre de fiction écrit en anglais et publié au Royaume-Uni et en Irlande.

Mme Bernstein vit et enseigne en Écosse. Elle dit avoir été « incrédule » quand son éditeur lui a appris la nouvelle. « Je ne peux pas souligner comme cela était tout simplement inconcevable », dit-elle.

Le roman Study for Obedience a été publié par Granta Books. Il explore les liens entre le pouvoir, les préjudices et examine comment l’histoire a formé les gens. Il doit sortir le mois prochain au Canada où il sera publié par Penguin Random House.

Certains l’ont qualifié de « troublant ». Un critique a même écrit que l’autrice avait réalisé un coup de maître.

Dans Study for Obedience, un narrateur peu fiable raconte l’histoire d’une jeune femme qui s’est installée dans un lointain pays où vivaient ses ancêtres afin de s’occuper de son frère que sa femme vient de quitter. L’arrivée de la femme est suivie par « une série d’évènements inexplicables ». Les gens de l’endroit lui sont de plus en plus hostiles, même si elle essaie de bien faire.

L’autrice explique qu’elle voulait explorer un personnage présentant « des caractéristiques typiquement féminines », un personnage qui écoute, soigne et obéit, mais « qui est doté d’un mystérieux pouvoir sur les autres ».

Des considérations sur comment l’histoire est transmise d’une génération à l’autre et sur le rôle de l’instruction ou de la simple observation sur l’acquisition des comportements sont insérées dans le texte, ajoute Mme Bernstein.

Plus tôt cette année, le nom de l’écrivaine figurait sur la liste des vingt meilleurs jeunes romanciers britanniques.

Sarah Bernstein a étudié la création littéraire et l’anglais à l’Université Concordia à Montréal avant de déménager au Nouveau-Brunswick où elle a obtenu une maîtrise. Elle s’est ensuite installée à Édimbourg en 2013 pour étudier au doctorat. « Et je suis restée en Écosse. »

Elle vit dans les Highlands. Elle enseigne la littérature et la création littéraire à l’Université de Strathclyde, un emploi qui lui permet de combiner un travail universitaire à l’écriture fictionnelle.

Depuis la publication de son dernier roman et l’annonce de sa nomination au prix Booker, Mme Bernstein dit avoir renouvelé le contact avec des écrivains de Montréal et des Maritimes. Elle a l’impression qu’il « est encore possible d’être un écrivain canadien sans vivre [au Canada] ».

L’autrice dit qu’elle espère toujours pouvoir y retourner un jour.

Le nom du lauréat du prix Booker sera annoncé le 26 novembre. Auparavant, la liste des 10 candidats sera réduite à cinq en septembre. Parmi les gagnants du passé, on note Alice Munro, Salman Rushdie, Margaret Atwood, Michael Ondatjee et Zadie Smith.