(Paris) Le prix Nobel de littérature 2023, le Norvégien Jon Fosse, est déjà largement traduit en français, mais reste peu connu du grand public, avec près d’une vingtaine de titres qui ont rencontré un succès modeste.

En France, ce dramaturge a bénéficié de l’intérêt d’un grand éditeur parisien, POL, qui publie en 1998 son roman Melancholia I, sur le peintre Lars Hertervig.

Cette maison, qui publie très peu de littérature étrangère, avait fait confiance au Norvégien Terje Sinding, secrétaire de rédaction de la Comédie-Française, institution dont POL publiait les Cahiers.

« Terje Sinding est venu un jour avec sa traduction d’un roman qu’on a trouvé exceptionnel. C’est devenu le premier livre de Jon Fosse en français. Aujourd’hui, nous en sommes fiers », affirme le directeur de la communication de POL, Jean-Paul Hirsch.

La prose du Norvégien a ensuite été publiée aux éditions Circé, une petite maison vosgienne, pour six titres, depuis Melancholia II en 2002 jusqu’à Au tomber de la nuit en 2016.

« Fosse a deux ou trois titres qui sont des chefs-d’œuvre, que je suis heureux d’avoir publiés. Ça ne m’étonne pas du tout qu’il reçoive le prix Nobel », dit Claude Lutz, éditeur de cette maison.

Il cite Insomnie (2009), que les éditions Circé promeuvent en citant la presse norvégienne. « Il ne faut pas avoir peur de lire une prose qui n’est pas facile. Il faut se jeter dedans », affirme l’éditeur français.

Une troisième maison publie désormais sa prose, les éditions Christian Bourgois. Celui-ci s’est lancé dans l’édition de ce que Jon Fosse a baptisé sa « septologie ». Le premier tome, L’Autre Nom, est sorti en septembre 2021. Le deuxième (qui s’intitulera Je est un autre) est prévu pour 2024 et le troisième pour 2025 ou 2026.

« Jon Fosse, c’est une voix très singulière, une littérature exigeante. Quand on se laisse happer, enrouler par sa phrase, c’est une expérience singulière », explique son éditeur chez Bourgois, Jean Mattern.

Ce roman parle de deux peintres qui vivent non loin l’un de l’autre, sur la côte norvégienne, et partagent le même prénom. « Une magnifique exploration de la solitude et de l’altérité », d’après M. Mattern.

C’est pour l’instant le seul texte traduit du néo-norvégien (la variété de norvégien parlée dans l’ouest de la Norvège) par le Français Jean-Baptiste Coursaud, spécialiste des langues scandinaves.

Quant au théâtre de Jon Fosse, il est publié par un éditeur spécialisé, L’Arche, depuis un volume regroupant Le Nom et L’Enfant en 1998. Cet ouvrage est aujourd’hui épuisé, tout comme celui de 1999 contenant l’un de ses chefs-d’œuvre, Quelqu’un va venir, avec Le Fils.

« Jon Fosse est un classique vivant et un contemporain intemporel. Avec lui, on cerne l’âpreté de la condition humaine, des sensations, des émotions essentielles, comme l’attente, la peur, le désir, la perte », estime Claire Stavaux, qui dirige les éditions de L’Arche.

Celles-ci servent aussi d’agence pour faire jouer Jon Fosse sur les scènes françaises.

L’Arche a publié en 2021 deux recueils, avec des introductions signées des actrices Isabelle Carré et Irène Jacob, contenant chacun quatre pièces de Jon Fosse, comme Variations sur la mort ou Rêve d’automne.