(Paris) Une deuxième enquête pour viols sur mineurs a été ouverte à Paris contre l’écrivain français Gabriel Matzneff, mis en cause pour pédophilie à la suite des révélations en 2020 de l’éditrice Vanessa Springora, après de nouvelles accusations d’une quinquagénaire, a indiqué jeudi le tribunal.

Les investigations ont été lancées le 23 octobre après un courrier de cette femme au tribunal, affirmant qu’elle a été violée par l’écrivain de ses 4 ans à 13 ans.

La première enquête visant Gabriel Matzneff, ouverte après la publication du livre Le consentement de Vanessa Springora, est actuellement à l’analyse au tribunal des mineurs de Paris.

Les investigations dans la deuxième enquête « porteront tant sur la caractérisation et qualification » des faits que sur les délais de prescription, les faits reprochés remontant à « plusieurs décennies », a ajouté le tribunal.

L’avocat de l’écrivain aujourd’hui âgé de 86 ans, Emmanuel Pierrat, n’a pas réagi dans l’immédiat.

La femme à l’origine de la deuxième enquête accuse son père adoptif, qui était médecin, d’avoir été « complice » en la droguant avant ses viols par Gabriel Matzneff, et de l’avoir lui-même violée, selon son avocat, Rodolphe Costantino.

Les faits auraient été commis à Paris, dans un contexte de « cercles mondains et d’influence ».

S’ils sont a priori prescrits, elle a aussi été « le témoin oculaire d’exactions sexuelles, de viols » commis par Gabriel Matzneff « sur trois enfants, eux aussi adoptés par des familles du même milieu », affirme à l’AFP Me Costantino.

Sa cliente s’inquiète également que des enfants puissent encore être aujourd’hui « en contact » avec Gabriel Matzneff, notamment un mineur dont le père est proche de l’écrivain.

Première à témoigner publiquement à l’encontre de Gabriel Matzneff, auteur longtemps fêté par le milieu littéraire français et récompensé par le prix Renaudot essai en 2013, Vanessa Springora avait raconté dans Le consentement leur liaison, entamée alors qu’elle n’avait même pas 14 ans et lui près de 50 ans.

L’auteur, qui a longtemps bénéficié d’une tolérance d’une partie de l’intelligentsia et des médias en France, s’est lui-même revendiqué comme « pédophile », racontant longuement, dans de nombreux ouvrages, ses relations avec des mineurs et son goût du tourisme sexuel en Asie.

Depuis, il a dit « regretter » ses pratiques pédophiles passées en Asie, tout en faisant valoir qu’« à l’époque », « jamais personne ne parlait de crime ».