Marc Ménard ramène son personnage de Stan, protagoniste d’Un automne rouge et noir, avec ce nouveau roman assez court, mais très efficace.

Elle était morose et plutôt sans espoir, la vie de Stanislas dans le précédent roman. On le retrouve quelque temps plus tard, à l’hiver 1937, errant dans les rues grises et mouillées d’un Montréal sans neige. L’ambiance politique est toujours clivée, tendue. D’un côté, les communistes et leurs sympathisants, dont le jeune Stan même s’il refuse de s’affilier à un parti politique, qui espèrent notamment améliorer les conditions des ouvrières de l’industrie de la robe – dont fait partie Thérèse, sa sœur, avec qui il habite – grâce à l’avènement d’un syndicat. De l’autre, la montée des fascistes – en Espagne, mais aussi au Québec, avec la montée du Parti national social chrétien d’Adrien Arcand.

Éconduit par sa belle Alice, mais s’étant trouvé un travail dans une imprimerie, Stan cherche sa place dans une société en mutation, où les valeurs d’hier se heurtent à d’autres, plus modernes, comme celles que lui fait découvrir Hélène, une artiste-peintre libertine. Voulant changer les choses à sa façon, il sera pris à son propre jeu en voulant mettre au grand jour les manigances de complotistes antisémites.

Ménard possède un talent certain pour nous plonger dans cette époque qui, bien qu’elle semble lointaine, fait écho de façon assez troublante à la nôtre – racisme, désinformation, exploitation –, et sait habilement passer du politique à l’intime dans ce récit noir traversé par un sentiment anxiogène grandissant. Habile et bien mené, Para bellum est une suite réussie, qui surpasse même le premier.

Para bellum

Para bellum

Tête Première

184 pages

7/10