Existe-t-il une voie du milieu entre le fondamentalisme religieux et l'athéisme qui réduit la religion à un archaïsme? C'est la question que pose le philosophe allemand Jurgen Habermas dans son dernier livre, Entre naturalisme et religion.

Le naturalisme qu'il évoque est le précurseur de la «laïcité dogmatique» qui veut évacuer toute référence aux croyances religieuses ou spirituelles de la place publique et des débats politiques. Habermas propose que les non-croyants acceptent la validité des valeurs des croyants, en autant que ces derniers les traduisent dans un «langage universel».

Habermas a publié en 2004 un «dialogue» avec le cardinal Joseph Ratzinger, maintenant pape, où il énonçait une forme embryonnaire de son dernier livre. Sa réflexion semble avoir été suscitée par l'inconfort de certaines nations très laïques, par exemple la France et le Québec, devant les hommes politiques qui admettent leur croyance en Dieu et en font mention dans leurs discours. Cet inconfort équivaut, selon Habermas, à une négation des valeurs et des croyances religieuses.

Ouvrage touffu et parfois très académique, Entre naturalisme et religion propose une réflexion intéressante, de la part d'un ex-marxiste toujours athée qui n'hésite pas à explorer les racines chrétiennes de l'Occident.

Entre naturalisme et religion

Jurgen Habermas

NRF, 378 pages, 42,50$

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