Le livre pique du nez au Québec. Après sept ans de croissance, les ventes de livres ont chuté de 3% en 2008. Les distributeurs québécois perdent du terrain et les librairies indépendantes, essentielles pour le livre québécois, ont vu leur part de marché tomber de 36 à 28% en quatre ans.

Il s'agit de la première baisse des ventes de livres au Québec depuis 2001. La croissance annuelle moyenne des ventes aura tout de même été de 5,2% entre 2001 et 2007, selon les données de l'Observatoire de la culture et des communications du Québec.

 

Les ventes totales de livres neufs ont tout de même totalisé 810 millions de dollars l'an dernier, mais c'est 25 millions de moins qu'en 2007. Et les chiffres les plus préoccupants touchent la littérature québécoise.

La tendance des dernières années démontre que la part des distributeurs québécois dans l'approvisionnement des points de vente de livres ne cesse de diminuer, passant de 71% en 2001 à 61% en 2008. Cette perte de terrain se fait au profit des fournisseurs étrangers qui inondent le marché surtout de livres en anglais.

En outre, si les parts de marché des librairies à succursale atteignent près de 50%, les librairies indépendantes, où le livre québécois se démarque surtout, ont vu leurs ventes diminuer de 2% entre 2004 et 2008.

«Sans être prophète de malheur, il n'y a rien de réjouissant là-dedans, déplore le président de l'Union des écrivains québécois, Stanley Péan. Avec les distributeurs québécois et les librairies indépendantes en baisse, c'est clair que c'est la production nationale qui en souffre.»

Les membres de la Table de concertation interprofessionnelle du milieu du livre québécois se réunissent d'ailleurs aujourd'hui. Il est clair que la chute inattendue des ventes de livres après sept ans de croissance sera au centre des discussions.

«Il faut rester alertes, croit le directeur de l'Association nationale des éditeurs de livres, Pierre Le François. La tendance chez les librairies indépendantes est attristante.»

Les analystes de l'Observatoire de la culture et des communications s'inquiètent également du fait que les librairies indépendantes ont perdu huit points de pourcentage de parts de marché en quatre ans.

«Il est trop tôt pour déterminer si cette tendance à la baisse ira jusqu'à remettre en question la survie de ce type de librairie, mais il n'y a pas de doute qu'est ainsi fragilisé un maillon important de la chaîne du livre, essentiel à la diffusion des livres du Québec», écrit l'Observatoire. Stanley Péan estime que le petit monde québécois du livre devra une fois de plus se retrousser les manches.

«C'est un milieu qui souffre à chaque contrecoup du marché littéraire, dit-il. Il faut redoubler d'efforts. On ne peut pas se leurrer, le livre n'est pas le gadget culturel à la mode. Il faut toujours se battre pour en faire la promotion.»