Peu d'hommes ont autant divisé l'Amérique et l'Europe. D'un côté de l'Atlantique, il est une idole, un survivant du cancer courageux et généreux. De l'autre, il est un tricheur arrogant prêt à tout pour gagner.

Après trois ans de repos, Lance Armstrong a repris le guidon et relancé de plus belle ce grand schisme d'Occident. Les journalistes Pierre Ballester et David Walsh n'ont pas manqué le train et, après L.A. Confidentiel et L.A. Officiel, en remettent une couche avec Le sale tour.

Ils reviennent sur le dopage allégué - EPO et corticoïde -, sujet abondamment discuté dans leurs ouvrages précédents. Ils s'en prennent aux manoeuvres du Texan pour noyer les preuves et étouffer les témoignages. Ils s'attaquent à sa fondation de lutte contre le cancer, qui ne serait qu'un couvert pour des activités lucratives et, qui sait, une future carrière politique.

Ils apportent les témoignages de coureurs drogués, maintenant repentis, conspués par le «Boss». À l'un d'eux, qui avait commis la faute de parler publiquement des pratiques dopantes du peloton, il aurait dit: «Il vaudrait peut-être mieux que tu rentres chez toi et que tu te trouves un autre métier.»

Le voilà, le champion Armstrong. «Le héros qui a vaincu le cancer? Eh bien c'est lui, le cancer de ce sport», lance un intervenant, ancien cycliste maintenant journaliste.

Bien sûr, Armstrong a toujours nié s'être dopé. Il a plaidé contre les «cyniques». «Cette course est réellement magique», a juré le septuple champion du Tour de France.

Mais les preuves sont là, Le sale tour les amasse, nous les met sous le nez, et de la magie, il ne reste rien.

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Le sale tour. Le système Armstrong. Pierre Ballester et David Walsh. Seuil, 252 pages, 35,95 $.