Alors que les Québécois souhaitent une amélioration des collections audiovisuelles et numériques ainsi que des services informatiques dans les bibliothèques, certains établissements de Montréal s'apprêtent à offrir aux usagers un divertissement techno bien populaire: des jeux vidéo.

C'est notamment le cas de la nouvelle bibliothèque de Benny Farm, qui doit ouvrir en 2012. «Il y aura des consoles Wii, avec des jeux comme Madden NFL, une télévision avec une salle multimédia pour les ados et un café qui sera lié à la salle de spectacles d'à côté. Ce ne sera pas seulement un petit café de lecture», avance Gilles Bergeron, responsable du dossier à l'arrondissement Côte-des-Neiges/Notre-Dame-de-Grâce.

Il espère ainsi attirer un nouveau type de clientèle en «s'éloignant de la vision folklorique» des bibliothèques comme un temple de lecture. D'autres bibliothèques du réseau public songent elles aussi à ajouter des jeux vidéo à leur collection.

Un plan similaire est prévu à la future bibliothèque Marc-Favreau dans Rosemont, une des cinq qui doit être bientôt construite ou rénovée à Montréal et dont l'ouverture est prévue pour 2012. «Nous aurons une salle avec jeux vidéo et autres applications multimédia, par exemple des logiciels pour concevoir des affiches ou d'autres oeuvres numériques. Tout cela est surtout destiné aux ados. Si on avait l'espace dans nos bibliothèques actuelles, on y ajouterait de telles salles», indique Line Ferland, chef division culture et bibliothèque à l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie. Elle espère disposer d'une enveloppe de 25 000 $ pour la salle.

Le milieu des bibliothèques est en «totale mutation», croit M.Bergeron. «On n'invente rien, explique-t-il. On s'inspire de ce qui se fait ailleurs dans le monde, comme dans les pays nordiques, mais aussi juste à côté, comme à la bibliothèque de Charlesbourg, où il y a un grand écran plat dans la salle des ados.»

Politique d'acquisition

Qu'est-ce qui dicte les choix de ces ajouts aux collections? Il n'existe pas de politique commune d'acquisition, explique Louise Guillemette-Labory, directrice associée du réseau des bibliothèques publiques de Montréal. «Chaque bibliothèque est la mieux placée pour connaître les besoin de ses usagers. Mais quand même, on commence à travailler à des stratégies communes», explique-t-elle.

M.Bergeron abonde dans son sens. «Les bibliothécaires sont près de leur clientèle. Par exemple, celle de NDG est assez familiale. À Benny Farm, il y a une grande communauté anglophone et chinoise. On adapte nos collections en conséquence.»

Pour attirer une nouvelle clientèle, son équipe s'est même rendue dans des Tim Hortons du quartier pour demander à des citoyens pourquoi ils ne fréquentaient pas la bibliothèque locale.

«Ça les dérangeait de ne pas pouvoir parler sans se faire regarder de travers, et aussi de ne pas pouvoir boire leur café en lisant le journal. On a également sondé nos usagers réguliers, et ce qu'ils aiment est diamétralement opposé. On essaie de composer avec cela, de naviguer entre le passé et l'avenir pour faire quelque chose dans le présent.»