En août dernier, l'auteure de science-fiction Karen Traviss a annoncé qu'elle cessait d'écrire des romans inspirés de Star Wars.

La nouvelle a semé la consternation chez ses fans. «Je vais essayer de ne pas pleurer dans mon Margarita géant ce soir», a écrit une fan sur un site réservé aux amatrices de Star Wars.

L'auteure américaine a expliqué sa décision par son désir de se consacrer à ses autres projets. Notamment à la série de livres Gears of War, inspirés du jeu vidéo éponyme. Ce n'est pas le premier jeu vidéo qui inspire le monde littéraire. Halo, Splinter Cell, Resident Evil et Assassin's Creed ont récemment envahi les librairies. L'automne dernier, un chroniqueur du magazine Wired a consacré la tendance.

«Il y avait eu, il y a une dizaine d'années, des livres sur le jeu Doom, mais ils n'étaient pas très intéressants; c'étaient des calques», explique Stéphane Marsan, éditeur chez Bragelonne, qui publie la traduction de Gears of War.

«Les jeux sont de plus en plus intéressants et complexes, alors on peut convaincre de bons écrivains comme Traviss, dit-il. Ce ne sont plus seulement des copies du scénario. On voit plus de détails, les personnages sont plus élaborés. Ce sont des romans qui peuvent être intéressants même quand on ne joue pas à des jeux vidéo. D'ailleurs, les romans inspirés de jeux vidéo ont supplanté les romans tirés de films au palmarès des ventes.»

Par exemple, les livres inspirés de Splinter Cell précisent que le héros a beaucoup de difficulté avec sa fille adolescente, est opposé à la guerre en Irak et que sa prof d'arts martiaux s'est entichée de lui. Contrairement aux autres médias, les jeux vidéo nécessitent beaucoup d'investissement en temps, relève M. Marsan.

«Pour vraiment profiter de l'univers d'un jeu, soutient-il, il faut y consacrer des heures et des heures. Avec un film, on a bien compris en deux heures. Les amateurs de science-fiction ou de fantastique qui n'ont pas le temps ou le goût des jeux vidéo peuvent profiter de l'imagination des créateurs de jeux vidéo avec les livres. Ça peut même intéresser les gamers qui veulent s'aventurer encore plus loin dans leur univers. Ça me fait penser aux livres sur Dongeons et Dragons, dans les années 90: si on n'avait pas le temps de se réunir avec des amis pour jouer, on pouvait profiter de cet univers avec les livres.»

Assassin's Creed

Pour écrire la bande dessinée inspirée de Assassin's Creed, une histoire impliquant un ordre maléfique descendant des Templiers dont les membres conservent dans leur patrimoine génétique les habiletés de guerriers de leurs ancêtres, Ubisoft a réussi à intéresser Éric Corbeyran, le scénariste de la série à succès Le chant des Styriges.

«Tous les jeux vidéo reposent sur des univers extrêmement bien pensés et fort bien construits, explique M. Corbeyran en entrevue depuis Bordeaux. «Les fondations sont souvent plus larges et plus riches que le jeu lui-même. Je ne suis pas joueur, car je crois que je suis trop vieux pour ça, mais je pense que cette absence de pratique m'a permis d'avoir un oeil totalement neuf sur le sujet.»

A-t-il dû faire beaucoup de modifications pour respecter le scénario du jeu? «En effet, la franchise Assassin's Creed est un temple bien gardé. Il y a eu pas mal d'allers et retours dans l'élaboration du scénario, mais je considère que c'est tout à fait normal. N'étant pas le créateur de l'univers, je n'avais pas toutes les cartes en main.»