Le philosophe français Bernard-Henri Lévy a reconnu s'être laissé piéger en citant dans l'un de ses derniers livres l'oeuvre d'un certain Jean-Baptiste Botul, écrivain fictif créé par un journaliste d'un hebdomadaire satirique.

Dans son ouvrage De la guerre en philosophie (Grasset), reprenant un texte qu'il avait prononcé devant des étudiants de la prestigieuse École nationale supérieure, Bernard-Henri Lévy cite Botul, soi-disant spécialiste d'Emmanuel Kant et prétendument auteur de «conférences aux néo-Kantiens du Paraguay».

Bernard-Henri Lévy a avoué lundi soir avoir cité souvent La vie sexuelle d'Emmanuel Kant, livre présenté comme l'oeuvre de Botul. «Or il s'avère que c'était un canular», reconnaît-il sur le site internet de son magazine La Règle du Jeu.

«Un très brillant et très crédible canular sorti du cerveau farceur d'un journaliste du Canard Enchaîné, au demeurant bon philosophe», relève BHL. «Et je me suis donc laissé prendre, comme s'y sont laissés prendre les critiques qui l'ont recensé au moment de sa sortie», ajoute-t-il. «Du coup, une seule chose à dire et de bon coeur. Salut l'artiste!», conclut Bernard-Henri Lévy.

Frédéric Pagès, journaliste à l'hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné et créateur de cet auteur fictif, présente Botul comme étant né en 1896 et mort en 1947, philosophe de tradition orale originaire de l'Aude, père du «botulisme» n'ayant laissé aucun ouvrage écrit officiel.

En revanche, l'oeuvre de Jean-Baptiste Botul «existe» et elle a bel et bien été éditée, rappelaient lundi dans un communiqué son éditeur français, les éditions Mille et Une nuits, et l'Association des amis de Jean-Baptiste Botul (A2JB2 pour les intimes), présidée par Frédéric Pagès.