La bibliothèque publique de la ville de Hayward, en banlieue de San Francisco, vient d'inaugurer le premier service sans amendes aux États-Unis. En échange d'une prime mensuelle, ses abonnés recevront par la poste les livres qu'ils choisissent et pourront les garder tant qu'ils le veulent.

«Nous avons constaté qu'en moyenne, 26 000 de nos 160 000 documents sont en retard», explique le directeur de la bibliothèque, Sean Reinhart. «Nous avons aussi constaté que des services de location de films comme Netflix ou Blockbuster renoncent de plus en plus aux frais de retard. Plusieurs de nos abonnés cessent de nous fréquenter parce qu'ils ont accumulé trop de frais de retard. Je pense qu'ils reviendront s'ils ont une contribution minime à payer régulièrement, plutôt qu'une grosse amende en une seule fois.»

 

Les frais du programme optionnel sont de 3$ pour commander trois documents à la fois, 5$ pour cinq documents et 9$ pour dix documents. Les sommes recueillies serviront notamment à acheter des copies supplémentaires des documents empruntés par le moyen de ce service, si un autre abonné les demande. Un abonnement traditionnel permet d'emprunter jusqu'à 75 documents à la fois. Comme le service a été lancé début janvier, M. Reinhart ne pouvait fournir de statistiques sur sa popularité. On peut même faire la recherche dans le catalogue et commander les livres avec une application pour le iPhone.

Pas au Québec à court terme

À la Bibliothèque nationale du Québec, la directrice du prêt, Danielle Chagnon, considère l'idée «intéressante». «Mais ce n'est pas quelque chose que nous allons envisager à court terme. Nous faisons plus de cinq millions de prêts par année, alors je crois que nous n'avons pas un besoin pressant d'augmenter le nombre de prêts. Peut-être que c'est plus important quand on a une petite collection, comme Hayward.»

Par contre, la réflexion sur les modalités de prêts est constamment renouvelée. «Cet automne, par exemple, nous avons fait deux changements, dit Mme Chagnon. On peut maintenant emprunter dix nouveautés à la fois, au lieu de trois, et on peut les renouveler. Les usagers nous demandaient fréquemment cela. On a aussi augmenté d'une semaine à trois semaines la durée du prêt des DVD, parce que certaines séries, comme 24, sont assez longues à écouter.»

Pour ce qui est de la livraison par la poste des livres réservés, elle n'est pas non plus au menu. «Beaucoup de nos usagers, entre 25% et 30%, préfèrent butiner dans la bibliothèque plutôt que de réserver directement un titre précis», relève Mme Chagnon.

À la Ville de Montréal, un service comme celui de Hayward n'est pas non plus envisagé. «Pour le moment, nous harmonisons les pratiques quant au nombre de livres, la durée des prêts et pour éliminer les frais d'abonnement», explique la responsable du dossier des bibliothèques, Helen Fotopulos. «Nous allons aussi terminer d'étendre partout le catalogue Nelligan, qui permet de commander à la bibliothèque près de chez soi tous les livres du réseau, par internet.»