Revisiter l'adolescence, mais sans glisser dans le piège de la nostalgie facile. Évoquer la vie de campagne en évitant le folklore. Composer une histoire de meurtre et de vampires sur un ton humoristique. Jérôme Lafond, l'auteur de Brigitte des Colères, ne s'est pas simplifié la vie, pour l'écriture de ce premier roman où dominent son esprit et son imagination débridés.

Les détours fantastiques, gothiques et humoristiques servent bien ce jeune romancier originaire des Basses-Laurentides publié par les Marchands de feuilles. Non seulement réussit-il à créer un personnage d'adolescente crédible, mais il dépeint l'époque de ses propres années formatrices avec un savoureux souci du détail.

Dans ce récit d'une adolescente bien ordinaire de Saint-Scholastique, quelque part au début des années 1990, Lafond nous transporte dans le monde agricole des Basses-Laurentides. Nous sommes conviés dans l'univers de Brigitte, sorte de sorcière qui fréquente l'Externat Jérômien. Entre une intrigue de meurtre dans un champ de maïs et une concoction de «faux sang» pour les fins d'un film d'horreur artisanal avec sa meilleure amie, Brigitte se promène dans le monde comique et terrifiant de l'adolescence.

Les mets pseudo exotiques que cuisine sa mère, («une femme «très mai 1968»»), les disques d'Ozzy Osbourne que l'on fait jouer à l'envers, les prix Méritas décernés par son école secondaire, les sorties du samedi après-midi chez Farmer Supply sont autant de déclencheurs d'éveil artistique chez cette Brigitte en deuil de son enfance.

Des personnages singuliers, un humour grotesque et irrésistible et une plume agile font pardonner les quelques maladresses et égarements de ce roman initiatique. Pour Jérôme Lafond, il s'agit d'une incursion réussie et prometteuse dans le paysage du roman québécois.

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Brigitte des Colères. Jérôme Lafond. Éditions Marchand de feuilles. 178 pages, 19,95 $.