Des livres qui ont eu 10 000 exemplaires en rupture de stock représentent une affaire plutôt rare dans l'histoire de l'édition québécoise. Le 33e Salon du livre de Montréal compte sur un cas d'exception avec Mafia Inc. - Grandeur et misères du clan sicilien, de nos collègues André Cédilot et André Noël.

Paru il y a trois semaines, l'ouvrage s'est retrouvé au centre de l'actualité à la suite des événements qui, la semaine dernière, ont secoué la hiérarchie que l'on sait. Événements tragiques au lendemain desquels André Cédilot, jeune retraité de La Presse, a donné 22 entrevues à la radio et à la télévision. Parlons d'un bonne journée de promotion pour un pro qui connaît son sujet et sait en parler.

 

Au dernier décompte, Cédilot et Noël avaient vendu 42 000 - quarante-deux mille! - exemplaires de Mafia Inc. et plusieurs libraires étaient en rupture de stock. «Les gens nous félicitent, disent qu'il faut continuer à exposer ces affaires-là», me disait André Cédilot entre deux dédicaces, hier soir au stand des Éditions de l'Homme. «Le monde souhaite un grand ménage, à la grandeur du Québec, ça c'est certain.»

«L'Homme», par ailleurs, s'apprête à vendre les droits de traduction de Mafia Inc. à une grande maison d'édition torontoise, autre chose assez rare pour un sujet de cette nature. Et les «angles» ne manquent pas pour une suite éventuelle: succession à la tête de l'organisation, nouveau partage des influences et des territoires, arrivages back order, etc.

Et, en dehors des Siciliens, on ne peut pas dire non plus que les sujets «de bandits» se font rares dans les autres «clans» du Québec par les temps qui courent. Gros filon livresque.

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XYZ, on l'a dit, fête ses 25 ans cette année, alors que sa société mère, Hurtubise HMH, arrive à 50. «Les enfants d'Arnaud et Alexandrine Foulon vont devenir éditeurs à leur tour et XYZ va vivre pour au moins 50 ans encore», a lancé André Vanasse, éditeur-conseil de XYZ, à un coquetel qui réunissait hier les auteurs de la maison.

Arnaud et Alexandrine Foulon représentent la cinquième génération des Foulon éditeurs. Hervé, leur père, est le président d'Hurtubise HMH qui a acquis XYZ il y a deux ans. Ça fait beaucoup de lettres, mais il s'agissait justement de renforcer le côté littéraire du groupe «généraliste».

«XYZ ne change pas de politique éditoriale, nous dira pour sa part Dominique Lemay, directrice générale de la maison. Notre éditrice, Josée Bonnevile, a établi à 25 le nombre de titres que nous lancerons annuellement en y apportant tout le soin voulu. Je suis heureuse de participer à cette aventure.»

Gaëtan Lévesque, qui a fondé XYZ - La revue de la nouvelle avec le poète Maurice Soudeyns en 1985, et qui l'a dirigé avec André Vanasse jusqu'à la vente à HMH, vient de repartir sous sa propre enseigne. Lévesque Éditeur a déjà trois titres dont le tout récent Les rendez-vous manqués de la nouvelliste québécoise Esther Croft.

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Contrairement aux années passées où il était remis le dernier jour du Salon, le Prix du Grand Public du Salon du livre de Montréal/La Presse sera remis demain. Le vote s'est terminé hier soir. «Cette nouvelle approche permettra au lauréat de profiter des trois derniers jours du Salon pour rencontrer de nouveaux lecteurs», explique Danielle Papineau-Couture, directrice des communications du Salon.

Le (grand) public était invité à voter pour un des 20 titres de la liste soumise par les membres de l'Association des libraires du Québec (ALQ) et basée sur les ventes de la dernière année. Petite incongruité catégoriale: les libraires avaient placé Ru, de Kim Thuy (Libre Expression) - inscrit K-Ru dans la liste -, dans la catégorie Essai/Livre pratique. Parce qu'ils considèrent ce livre comme un récit et non comme une oeuvre littéraire, nous dit-on au Salon. Or, mardi, Mme Thuy a remporté le Prix du Gouverneur général dans la catégorie Romans et nouvelles...

Au grand dam de plusieurs d'ailleurs, dont cet éditeur qui nous disait hier que «les G.G., si t'as pas encore compris, en sont venus à récompenser la plupart du temps des premiers romans. Sous prétexte que les auteurs établis ont gagné assez de prix. Ce n'est pas le critère de qualité qui prime...