Aujourd'hui démarre à la Grande Bibliothèque le 2e Sommet sur la lecture, deux jours de conférences et d'échanges visant à faire du Québec et du Canada une société de lecteurs.

Pendant deux jours, près de 200 auteurs, chercheurs, libraires, bibliothécaires, éditeurs, enseignants, chefs d'entreprises et autres acteurs du monde du livre mettront en commun leurs expériences d'accès à la lecture et discuteront des enjeux de l'alphabétisation lors de ce 2e Sommet sur la lecture.

Parmi eux, on compte les écrivains Antonine Maillet, John Ralston Saul, Rodney Saint-Éloi et les auteurs jeunesse Marie-Louise Gay, du Québec, et Jon Scieszka, des États-Unis.

L'objectif ultime: doter le Canada d'une véritable campagne nationale de la lecture appuyée par le gouvernement. Avant d'en arriver là, les organisateurs souhaitent d'abord sensibiliser la population et les dirigeants politiques à l'importance d'améliorer les capacités et pratiques de lecture des Canadiens de mettre en commun les différentes expériences d'accès à la lecture menées un peu partout au pays. Le Sommet de Montréal est le deuxième d'une série de trois. Le premier a eu lieu à Toronto l'année dernière, le prochain se tiendra à Vancouver en 2012.

«La situation est critique en ceci qu'on est une société très développée au plan économique, mais qu'on n'est pas fondamentalement une société de lecteurs. C'est vrai autant pour le Québec que pour le Canada anglais. On reste encore avec des taux d'analphabétisme absolu et fonctionnel très élevés», explique Jean-François Bouchard, éditeur chez Bayard Canada et coprésident du Sommet.

Il ne faudrait donc pas se laisser emporter par les résultats en lecture des jeunes canadiens qui, lors de la dernière enquête internationale du Programme international pour le suivi des acquis des élèves, en 2009, se situaient au 5e rang parmi 65 pays de l'OCDE. Au Québec, 800 000 personnes de 16 à 65 ans, soit 1 adulte sur 6, ont de sérieuses difficultés à lire, selon un rapport de l'Institut de la statistique publié en 2006.

«On est une société qui est arrivée à la modernité par l'économique et beaucoup par la médiation de la télévision, peu par la lecture, avance M. Bouchard. La pratique de la lecture, c'est la pratique du développement d'une pensée personnelle autonome. C'est le développement du jugement qui est en jeu. Or, dans une société où la circulation de l'information est devenue une affaire-clé, le développement d'une conscience personnelle, d'une liberté de pensée est très important.»

Il constate que la mobilisation n'est pas facile «dans une société dont le confort de vie est relativement développé. Cela crée en partie l'illusion que finalement, on peut se développer sans ça».

Pas à rougir

Les débats et conférences porteront sur les jeunes enfants et les garçons - qui accusent un retard sur les filles quant aux capacités de lecture -, les nouveaux arrivants, les communautés autochtones et les nouvelles technologies. Un expert chinois, Li Qingming, directeur de l'école Nanshan, affiliée à l'Institut national chinois de recherche en éducation, viendra expliquer la nature de son travail depuis 30 ans pour favoriser les compétences en lecture dans tous les domaines d'étude.

Demain, les résultats d'une recherche sur la lecture menée par la banque TD, commanditaire de l'événement, seront dévoilés par Craig Alexander, économiste en chef au Groupe financier.

«Au Québec, on est loin d'avoir à rougir de ce qu'on fait, rappelle toutefois M. Bouchard. C'est certainement la province canadienne où il y a le plus grand nombre d'initiatives organisées. Il y a au moins une quarantaine de programmes organisés d'accès à la lecture, sans compter tout ce qui se fait dans les bibliothèques locales.»