José Acquelin est tout sauf un poète solitaire: soirées de poésie, lectures, spectacles avec des musiciens, mais aussi conférences dans les écoles, l'homme aime être au coeur de l'action. C'est un juste retour des choses qu'il soit un des invités d'honneur du Festival de la poésie de Montréal, lui qui aime «créer la convergence» entre les poètes.

«J'aime le terrain. Je connais la théorie, c'est certain, mais c'est sur le terrain que je suis heureux. Pour moi, être invité d'honneur du festival, c'est une reconnaissance de cet engagement», dit celui qui croit que chaque événement mettant en scène la poésie aide à sa diffusion. Il s'agit, pour lui, de «donner et redonner».

Anciennement appelé Marché de la poésie, le festival, qui commence aujourd'hui, dure cette année plus longtemps, et présentera encore plus d'activités. Un signe de l'effervescence du milieu, croit José Acquelin, qui profite de l'événement pour sortir son nouveau recueil, Le zéro est à l'origine de l'au-delà. «Il y a toute une nouvelle génération de jeunes poètes qui créent, qui partent des maisons d'édition, qui s'engagent. Il y a un fleurissement de la parole poétique dans une multitude d'événements, où toutes les voix, toutes les tonalités sont permises.»

Si le recueil de poèmes reste l'outil de base, les performances sont indissociables des oeuvres et permettent, justement, d'entendre la tessiture des poètes. «Après, on a leur musique dans notre tête», note José Acquelin, qui voit bien que les poètes québécois sont inspirés par la vague du spoken word et du slam, mais rappelle que la tradition de l'oralité ne vient pas que de la communauté anglophone: les fameuses nuits de poésie des années 70 sont là pour en témoigner.

Favoriser les échanges

Comme invité d'honneur, José Acquelin estime que son rôle sera de favoriser les échanges entre les participants. Pour le poète de 55 ans, la poésie est un travail d'équipe, dont la matière première est les mots. «C'est sortir de la langue de bois et lui faire dire autre chose.» Ce qu'il a très bien réussi cette année avec le recueil Nous sommes tous des sauvages, paru chez Mémoire d'encrier, dans lequel ses poèmes répondent à ceux de la poétesse innue Joséphine Bacon, dont il apprécie l'aspect «naturel et simple» de la langue. «Nous avons pris le mot sauvage dans son sens premier, celui de la nature. Nous lui avons enlevé son vernis.» Le résultat est un livre coup de poing, revendicateur, oui, mais s'étendant aussi vers l'horizon.

La forme brève, croit José Acquelin, est la forme la plus «lapidaire» de la littérature, et il reste fasciné qu'on puisse en dire autant dans un quatrain (quatre lignes) ou dans un haïku (trois lignes). «C'est toute la beauté de la poésie: ouvrir le panorama.» Le Festival de la poésie se déroule jusqu'au 29 mai. Toutes les infos sur www.maisondelapoesie.qc.ca.

Pour des raisons de santé, l'autre invité d'honneur, Charles Juliet, ne pourra pas être présent au festival et les activités auxquelles il devait participer sont annulées.