Disons-le sans ambages: les autochtones du Canada versent souvent dans la culture de la plainte. Facile à évoquer, et non sans raison, la triste histoire de la rencontre inégale entre explorateurs et marchands européens et les peuples aborigènes.

C'est donc avec un plaisir accru que j'ai lu L'herbe verte, l'eau vive de Thomas King, cet auteur de l'Ouest canadien qui révise entièrement l'histoire des Indiens et des Blancs. Il en est capable parce que, justement, il est à la fois autochtone et blanc - cherokee et grec, quel mélange!

Contre la douleur du passé, King réplique avec l'humour, la poésie et la fantaisie. Et avec le pouvoir de celui qui sait raconter une bonne histoire. Une bonne histoire peut guérir le mal, selon King, car elle nous permet de nous comprendre nous-mêmes et notre place dans le monde; elle permet la réconciliation.

L'herbe verte met en scène le Cow-Boy Masqué, Coyote et d'autres personnages mythiques qui vont réinterpréter l'histoire. Y ajouter le plaisir des personnages féminins, comme Alberta qui veut un enfant sans le mari, des femmes qui sont douées d'une langue acerbe et une sexualité débridée. Composé d'une série de petits récits qui ne manquent jamais leur cible, ce roman pourrait bien vous accompagner sur la plage. Il ne faut pas bronzer idiot, comme on dit. Et vous ne regarderez plus vos voisins de Kanesatake de la même manière - ça, c'est garanti.

L'herbe verte, l'eau vive

Thomas King

Traduit par Hugues LeRoy

Boréal Compact, 437 pages

****