Sous la plume de Ferdinand Von Schirach, avocat allemand qui signe là son premier livre, le crime prend une dimension inattendue. S'il faut généralement suivre «l'odeur de l'argent ou les traces du sperme» pour l'élucider, c'est une autre logique du fait divers que racontent ces nouvelles. Celle d'individus qui font face comme ils le peuvent à des situations, sans même parfois penser à mal. Tel ce jeune homme qui, voulant se débarrasser d'un cadavre échu dans son appartement, découpe méthodiquement le corps dans sa baignoire: «Il pleurait et sciait et pleurait et sciait.»

Ailleurs, c'est le médecin d'une petite ville qui tue sa femme à la hache, ou un jeune homme tellement amoureux qu'il éprouve le désir de manger sa petite amie...

Dans le monde de Von Schirach, le crime survient dans les existences les plus normales. Certes, il y a aussi le «vrai» monde du crime, mais il arrive que l'avocat défende un braqueur armé d'un revolver en plastique ou encore un tueur en série de moutons.

Il faut alors convaincre le tribunal que les actes dépassent souvent les intentions, voire les contredisent. Von Schirach ne se laisse jamais tenter par le sensationnalisme et la psychologie inutile. Ce recueil constitue bien plus que le compte rendu passionnant d'un avocat sur sa pratique: celui d'un écrivain offrant sa propre perception de l'âme humaine.

Crimes

Ferdinand von Schirach

Gallimard, 215 pages

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