L'histoire et son cortège mortuaire de guerres traversent cette superbe «novella» de Carole David, qu'on a envie de placer dans la même famille qu'Annie Ernaux.

«Quelle est la part d'hérédité dans ce besoin viscéral de disparaître?», se demande Johanne, mère de Max, encore en fugue. Ce fils, né des amours de Johanne avec un Américain ayant fui la guerre du Vietnam, est parti aux Pays-Bas sur les traces d'un grand-oncle disparu dans l'explosion d'un avion à Utrecht, en 1943. Max et tout aussi hanté que sa mère par les convulsions de l'histoire, reçues en héritage ou vécues par la télé et les jeux vidéo. Devant un cimetière de ces jeunes hommes sacrifiés, notamment ce grand-oncle, Max est «porteur d'une nuit interminable qui prend fin». Fantômes du passé, familles disloquées, artefacts des disparus, les corps mêlés aux métaux des armes sous la terre, la violence, la peur, la perte et la peine coulent dans nos veines, c'est ainsi, on n'y peut rien, soudés au temps, ballottés par les événements qui finissent toujours par rejoindre l'intime.

Brillant et dense.

Hollandia

Héliotrope, 91 pages

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