Riche de 10 000 mots, dont 4 000 nouveaux, le troisième tome du Dictionnaire de l'Académie française, garant du bon usage de la langue depuis plus de trois siècles, sera présenté jeudi, près de vingt ans après le premier tome de cette neuvième édition.

Le premier tome -de A à Enzyme- est paru en 1992 et le deuxième -de Eocène à Mappemonde- en 2000.

Jeudi, les académiciens présentent le troisième, en vente depuis le 23 novembre, qui démarre à Maquereau et s'arrête à Quotité.

Le dictionnaire de l'Académie française n'est ni encyclopédique, ni historique, ni analogique, ni étymologique, comme il en existe déjà de nombreux. Il est celui «du bon usage» qui «sert ou devrait servir de référence à tous les autres», explique l'Académie.

Donc pas question de subir «des modes saisonnières», car «les expressions nées de la dernière pluie s'en iront avec la sécheresse suivante», écrivait Maurice Druon, secrétaire perpétuel décédé en 2009, qui fut à l'origine de l'élaboration de cette édition.

Les travaux ont démarré en 1985 et ont pris beaucoup de retard, puisqu'ils devaient s'achever avant 2010. Pour se défendre, l'Académie cite l'exemple de la Grande-Bretagne, où on a pensé que sept années suffiraient à réviser l'Oxford Dictionary. Son élaboration a duré 29 ans.

En France, c'est en 1694, soit soixante ans après la fondation de l'Académie, qu'apparaissait la première édition du «Dictionnaire». Les mots y étaient disposés par familles, selon leur racine.

Un quart de siècle plus tard, une nouvelle édition ordonnait les mots par ordre alphabétique. Le XVIIIe siècle verra trois nouvelles éditions. Au XIXe, deux autres ont été publiées, réclamant l'une 37 ans de travail et l'autre 43.

La huitième édition, parue en 1935 et dont la préparation dura 57 ans, présentait peu de nouveautés. «Bactérie», «microbe», «aérodrome» ou «court-circuit» y firent leur entrée. L'accent avait été surtout mis sur l'ajustement des définitions.

La neuvième édition regorge de nouveaux venus, dont «aérosol», «calculette», «joint», «bidule», «barbouze», «apolitique», «connerie» ou «lèche-botte».

Au départ, il était question d'introduire 10 000 nouveaux entrants, mais ce seuil a été presque atteint dès le deuxième tome. Sur un total de 14 024, le premier tome présente 5500 mots nouveaux et, sur 11 500, le deuxième en comporte 4000. Il y en a 3828 dans le troisième, sur un total de 9860 mots. Les quatre volumes devraient comporter près de 15 000 nouveautés.

Des vocables ont été supprimés, comme «académiste», l'ancêtre d'»académicien».

Et il y a beaucoup de termes étrangers. Par exemple, ceux commençant par la lettre k, presque tous d'origine étrangère comme ketchup, kibboutz, koulibiac ou knockout, sont au nombre de 193 dans la neuvième édition, contre 38 dans la précédente.

Cependant, les portes restent partiellement fermées à la féminisation, ainsi qu'aux néologismes «dont beaucoup ne doivent leur apparition qu'à l'ignorance ou l'oubli des bons termes existants depuis fort longtemps», selon Druon.

Le quatrième tome est progressivement publié en fascicule dans les documents administratifs du Journal officiel, au fur et à mesure de l'avancement des travaux.

Le Dictionnaire, en vente en librairie, est également disponible gratuitement sur le site internet de l'Académie.

La Commission du dictionnaire, présidée par le secrétaire perpétuel Hélène Carrère d'Encausse, est composée d'une dizaine d'académiciens. Elle est secondée par des universitaires qui assurent les recherches, les propositions d'entrées, les vérifications et les corrections.