Assis dans le hall d'un hôtel, alors qu'une serveuse passe parmi les clients à la recherche d'un certain monsieur Sapiro, Miki se prend à rêver. Et s'il se faisait passer pour ce monsieur Sapiro et allait vivre une autre vie, laissant derrière lui une routine devenue insupportable? Sa femme ne l'aime plus et lui-même n'avait déjà plus aucun désir pour elle bien avant qu'elle subisse l'ablation d'un sein.

Égocentrique, obsédé sexuel, Miki revit mentalement sa rencontre avec sa femme, tout en fantasmant sur une autre vie. Sapiro serait un peintre faussaire, entretenant une relation torride avec la jeune épouse du collectionneur d'art moribond qui l'a engagé...

De digressions érudites en récits imbriqués se déroule le fil d'un roman éclaté où l'imagination, impossible à canaliser, en devient pathologique. On retrouve la marque de l'Israélien Benny Barbash, chez qui l'absurdité du récit donne lieu à toutes sortes de situations loufoques.

Bien entendu, Miki n'a pas bougé de son fauteuil: toute l'histoire se déroule dans sa tête. Réflexion sur la propension des hommes à s'imaginer d'autres vies, Monsieur Sapiro amène le lecteur à s'interroger sur sa propre relation avec la fiction. Tout en nous délectant de la lâcheté de Miki, ne sommes-nous pas, nous aussi, en train de vivre par procuration?

Monsieur Sapiro

Benny Barbash

Éditions Zulma, 351 pages

***