Le romancier britannique d'origine indienne Salman Rushdie a annoncé mardi qu'il comptait écrire le récit de ses dix ans passés dans la clandestinité après la fatwa de l'ayatollah Khomeini appelant les musulmans à l'assassiner pour Les versets sataniques.

«C'est mon histoire et à un certain moment, il faut qu'elle soit racontée. Ce moment approche, je crois», a-t-il déclaré lors de la présentation d'une exposition consacrée à son oeuvre, qui ouvrira au public vendredi à l'Université Emory d'Atlanta, en Géorgie.Des manuscrits, des photos, des cartes et des lettres de soutien datant d'après l'édit religieux du guide de la Révolution islamique en Iran y sont présentés.

«Quand c'était dans des cartons ou des ordinateurs, ça aurait été très, très difficile, mais maintenant tout est organisé», a poursuivi Sir Salman, 62 ans. Anobli en 2007 par la reine d'Angleterre Elisabeth II, il donne désormais des cours aux étudiants de l'université d'Emory.

Publiés fin 1988, Les versets sataniques ont séduit la critique mais déclenché de vives protestations, des musulmans en colère brûlant des exemplaires en public et manifestant un peu partout dans le monde. Le 14 février 1989, l'ayatollah Khomeini lançait la fatwa appelant à assassiner le romancier.

Salman Rushdie, qui vivait à Londres et était déjà un écrivain reconnu, a alors été contraint d'entrer dans la clandestinité pendant une dizaine d'années, sous la protection du Royaume-Uni.

Les versets sont eux devenus un succès de librairie mondial. En 1998, le gouvernement iranien a déclaré qu'il ne soutenait pas la fatwa mais ne pouvait pas pour autant la lever.

L'ayatollah Khomeini est mort en juin 1989 et Rushdie a depuis longtemps cessé de s'inquiéter constamment pour sa sécurité, considérant que la fatwa est devenue davantage «une figure rhétorique qu'une vraie menace».

Cela n'a pas empêché des groupes musulmans radicaux de manifester contre l'écrivain ces dernières années encore et de vouloir boycotter ceux qui s'associeraient avec lui.