Jusqu'où l'humour noir est-il digestible? C'est la question qu'on se pose en lisant Une vie inutile, de Simon Paquet (Docteur Nullité).

On sourit souvent pendant ce roman écrit en forme de journal personnel, qui retrace une année dans la vie d'un homme qui arrive à la fin de la quarantaine, travaille de nuit sur appel et vit dans un minuscule appartement situé dans un demi-sous-sol.

Rien ne fonctionne pour Normand, éternelle victime de la méchanceté et de la mauvaise foi des autres: à chaque effort qu'il fait pour s'en sortir, le destin l'attend au détour et l'enfonce davantage.

Cette vie pathétique (c'est lui qui le dit) a bien sûr un côté surréaliste et rigolo, car les commentaires de Normand sont ironiques et naïfs. Mais l'antihéros est aussi réaliste, et à mesure que le clou s'enfonce, on finit par ressentir un certain malaise: jusqu'où la spirale du malheur l'entraînera-t-elle? Loin, très loin.

En fait, l'auteur a réussi son pari, car jamais il ne dévie de sa trajectoire et il résiste à l'appel de la finale hollywoodienne. Mais peut-être que le désir de voir Normand prendre sa revanche sur le mauvais sort est-il trop fort? Toujours est-il qu'on aurait envie d'un peu de soleil dans toute cette grisaille.

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Une vie inutile. Simon Paquet. Héliotrope. 185 pages.