Ce n'est pas un recueil de «nouvelles», mais «d'histoires», dans lesquelles l'Histoire est importante. L'histoire du Québec en particulier, de ses débuts épiques, de ses échecs, de son héritage dans la psyché collective et individuelle, et, cela, d'un point de vue résolument masculin.

Ça ne s'intitule pas Atavismes pour rien. Des premiers aventuriers balancés sur cette «terre pourrie par au-dedans» par la démesure de Cartier ou de Roberval jusqu'au jeune père d'aujourd'hui, inquiet pour sa progéniture malgré le confort et l'indifférence de son époque, en passant par les Patriotes ou de jeunes révolutionnaires pathétiques, se projetant même dans un Québec futur qui tente un ultime assaut terroriste pour ne pas mourir, Raymond Bock se promène dans le temps en s'accrochant à une filiation qui s'effiloche de génération en génération.

Et, comme tout bon écrivain, c'est par l'écriture que Bock démontre le mieux ce sentiment de perte et de décadence, jouant sur les différents niveaux de langage au fil de ses histoires, démontrant ainsi sa virtuosité, mais aussi à quel point la forme en dit autant que le fond. C'est un premier livre - une surprise, une découverte - qui reste cependant coincé un peu de travers dans la gorge, comme la flèche d'un Indien, la corde du bourreau, ou tout bêtement cette détresse incompréhensible qui vous prend un soir devant la pauvreté d'une émission de télé...

Raymond Bock est un écrivain à surveiller, mais c'est plutôt lui qui nous observe sans faire de compromis, d'un regard qui n'a rien oublié de la cruauté de nos origines.