Avec à sa suite la réputation d'enfant terrible des lettres québécoises, Patrick Brisebois offre une version révisée de son Trépanés, conte noir et cauchemardesque sur l'amour qui fait mal, paru à L'Effet pourpre en 2000. Présenté comme l'édition définitive, le roman a été épuré de certaines digressions pour se concentrer sur l'histoire: un triangle amoureux morbide raconté par Morvan Trépanier, poète raté aux pulsions suicidaires porté par les élans d'un amour romantique.

Sorte de fable de Disney qui vire en piège dantesque, Trépanés provoque le rire dans l'horreur avec ses accents tragi-comiques où l'humour noir et le sadisme disent la dégénérescence de l'amour. Les jeux de langage et les personnages qui meurent avant de vivre rappellent ceux de Ducharme, mais aussi ceux de Vian, figures tristes et tragiques exacerbées dans leurs désirs fous, leurs pulsions de vie aussi violentes que mortelles, à chaque souffle.

Dans ce conte gothique où la dulcinée est une «anéantiste» qui veut renouveler le fascisme en Occident, Brisebois sert un récit provocateur où toutes les perversions sont admises mais demeurent les éléments d'une fable à mi-chemin entre le rêve et la réalité. Dans une langue riche et poétique, Brisebois écrit avec économie tous les excès de l'homme qui porte la mort en son sein.

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Trépanés

Patrick Brisebois

Le Quartanier, 185 pages, Édition définitive

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