Éric McComber, auteur, bluesman et cyclonomade, clôt avec La solde une «trilogie de la lourdeur» composée d'Antarctique (2002) et Sans connaissance (2007). 

On y suit Émile Duncan, réviseur dans une usine d'agendas scolaires destinés aux high schools américains. Émile va de baise en baise, entre son travail de nuit et ses visites chez son psychiatre, et se laisse aller dans sa crasse tout en écrivant un roman, Groenland, qui finira par être publié et qui commence par cette phrase: «De dos, toutes les plottes sont belles.» Après un début prenant au ton hargneux et vindicatif, dans lequel la société de consommation et l'inculture se font écorcher sans ménagement, le roman s'enlise dans sa deuxième partie dans une dérive de provocation qui ne mène nulle part. À force de vouloir être subversif, Éric McComber finit par noyer le poisson et on perd son propos dans cette série de scènes de cul et ses histoires de crottes de nez et d'étrons. Dommage, car il y a dans La solde des moments fulgurants de lucidité, un rythme trépidant et un humour mordant, qu'on a de la difficulté à apprécier dans ce délire sous-bukowskien.

La solde, de Éric McComber. La mèche, 219 pages.