On ne sait jamais où va nous mener Elena Botchorichvili, écrivaine au parcours unique - originaire de Géorgie, elle écrit ses romans en russe avant de les faire traduire en français -, mais c'est chaque fois une joie de la lire.

Dans celui-ci, on se croirait dans une maison de fou chez le professeur Dubé, éminent ethnolinguiste, qui héberge une petite société d'expatriés d'anciens pays communistes.

De plus, son frère - mais est-ce son frère? - pique des crises de démence, et sa femme, qu'il a voulu quitter, est dans le coma après avoir subi une intervention mammaire.

Ces émigrés sont des «débris de bateaux qui ont sombré», ils ne comprennent rien au Canada, pays stupide à leurs yeux, ils se disent «nous, c'est nous; eux, c'est eux» et ils attendent impatiemment le printemps.

Ce roman est une fable sur l'immigration, traversé par des traits d'humour irrésistibles et une poignante mélancolie. C'est qu'ils ont besoin d'amour et de beauté, ces gens-là, ainsi que de chaleur humaine et de soleil. En ce sens, prolétaires ou capitalistes, nous sommes tous pareils...

Seulement attendre et regarder

Elena Botchorichvili

Boréal, 99 pages

*** 1/2