Rien de tel que d'entrer dans un livre dont on n'aime pas le sujet pour vérifier qu'on aime le style de son auteur. Si le foot, ce sport universel - Toussaint étant belge, c'est bien de «soccer» qu'on parle ici - ne provoque chez vous qu'indifférence, l'évocation de maillots partisans ou de fans chantant à tue-tête dans le métro peut rebuter.

Mais le sujet importe, somme toute, assez peu car, écrit Toussaint: «Je fais mine d'écrire sur le football, mais j'écris, comme toujours, sur le temps qui passe.»

On retrouve l'élégance du style de l'écrivain, attentif à l'atmosphère des lieux, à l'instant présent, aux détails banals, pratiquant une écriture dénuée de tout empressement.

Toussaint se plonge dans le souvenir de tout et de rien, celui du hot-dog dégusté en attendant le match à l'Olympiastadion de Berlin, ou d'un visionnement en diffusion en continu interrompu par des coupures d'électricité, agrémentant ses anecdotes de considérations sur le fantasme de toute-puissance provoqué par un but ou la péremption d'un match sitôt qu'il est achevé.

L'écrivain se saisit d'une matière apparemment triviale pour la transformer en phrases qui en révèlent la beauté simple.

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Football. Jean-Philippe Toussaint. Les éditions de Minuit, 123 pages.